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4 / L'atelier Techniques de montage des mouches

Le CDC, des plumes de rêve? Revue de quelques marques

Le CDC, des plumes de rêve? Revue de quelques marques

Après mes articles sur les cous de coqs, puis sur le dubbing, je m’attaque aujourd’hui au CDC. Honnêtement, il n’y a pas de quoi écrire un article très technique sur le CDC. D’autres l’ont fait, et sincèrement, en dehors d’une série de montages différents possibles, dont ceux de grand monteurs comme Agostino Roncalo, Maura Raspini (CDC evolution) , ou encore  Marc Petitjean (CDC), je ne peux rien ajouter de vraiment pertinent en plus.

Je ne vous parlerai pas non plus de «l’origine » du CDC. M. Petitjean a longuement développé ce point qui est relaté dans l’article suivant. Même si l’aspect commercial m’énerve passablement (et vous en comprendrez plus bas la raison), cet article relatant des propos de M. Petitjean présente cependant un intérêt certain, quand on se limite à l’aspect « historique » du CDC. De plus, je pense que nous sommes nombreux à connaitre - ou tout au moins à avoir entendu parler - de la mouche F.

J’ai donc décidé de vous parler plutôt des différents types de CDC, ainsi que des marques. Je n’ai aucunement la prétention de vous parler de toutes les marques commercialisant du CDC. Cela serait très présomptueux de ma part. En plus, je ne possède pas de sachets de plumes de CDC de toutes les marques.

Donc, pour être objectif, et par éthique personnelle, je ne vous parlerais que des plumes des marques que je possède, dans les différentes gammes que j’ai pu avoir. Je vais vous donner mon avis sur la « qualité » générale des plumes de CDC que j’ai pu acheter. Cette qualité (qui est plus un impression générale qu’une réelle qualification) est basée sur les cinqs critères suivants, classés par ordre d’importance décroissant (pour moi, tout au moins) :

L’homogénéité

Qu’importe que des plumes soient grandes, petites, aient des longues barbes ou au contraire de petites barbes duveteuses. Non, ce qui est vraiment important pour moi est que dans un même sachet l’on trouve des plumes toutes semblables entre elles, et que pour une même gamme, les différences entre les sachets soient vraiment minimes. Ainsi, quand lorsque l'on achète en aveugle (sur Internet), on sait ce que l’on va recevoir, et ce point est pour moi primordial.

Densité des barbes sur le rachis 

J’ai eu des sachets ou le rachis de certaines plumes ne présentaient qu’une très faible densité de barbes, qui plus est de très petite longueur. Ces plumes (M. Petitjean) étaient inutilisables. Il m’est arrivé de devoir utiliser deux plumes de CDC d’une certaine marque pour réaliser une mouche. Alors qu’avec une plume d’une autre marque, je pouvais réaliser une mouche, plus la moitié d’une autre. Cela fait un réelle différence.

Longueur des barbes

Si vous avez une très grande plume, mais avec des barbes très courtes, vous n’allez pas en faire grand-chose. Même si ces barbes sont nombreuses. Dans le pire des cas, elles vont directement dans la boite contenant les "mauvaises plumes" et autres chutes servant à faire du dubbing de CDC. Un des critères d’évaluation assez « robuste » est donc pour moi le ratio longueur des barbes sur longueur du rachis. Au plus celui-ci est important, aux plus les barbes sont utilisables pour certains montages (ailes faites à partir de touffes de barbes prélevées sur le rachis, ou alors par fixation sur la hampe de l'hameçon d'un petit bout de rachis avec les barbes correspondantes).

Côté duveteux des barbes

Vous pourrez avoir des plumes de CDC satisfaisant les trois caractères précédents. Si elles sont duveteuses, le résultat final sur la mouche sera moins bon. Je ne dis pas qu’elles ne seront pas utilisables. Elles le seront peut-être juste différemment. Personnellement, je n'aime pas les mouches faite avec des barbes duveteuses. Mais c'est très subjectif.

Epaisseur du rachis

Au plus le rachis est épais, au plus la plume sera lourde. Comme vous trouvez dans la majorité des cas des sachets contenant une certaine masse de plumes, si vos plumes ont un rachis épais, il y en aura moins dans un sachet. A ma connaissance, seul Veniard commercialise des sachets contenant un nombre fixe de plumes.

CDC mauvaise qualité Pechetruite JMC MPJ

Photo de l'auteur ci-dessus. A: plume "parfaite" de chez Pêchetruite. La plume est petite, mais les barbes sont longues,  sans être duveteuses, le rachis est assez fin. B: plume parfaite de chez SWISS CDC (ultraselect XL). Longue plume au rachis fin, les barbes ne sont pas duveteuses, mais sont longues. Le ratio longueur des barbes/longueur du rachis est bon, tout comme pour la plume A.

Ensuite, de gauche à droite, diverses plumes de qualité insuffisante; selon moi.

Plumes de chez Pêchetruite: la plume du haut est bien trop duveteuse, ensuite, il y a du puff (au centre à gauche), des plumes extrêmement petites (en bas) ou en cours de développement (au centre à droite).

Plumes M. Petitjean: rachis tordu (en haut à gauche, et tout en bas), ratio longueur des barbes sur longueur du rachis insuffisant (ce qui est du à des barbes trop courtes), plumes bien trop duveteuses (au centre à droite).

Plumes de chez JMC (deux sachets différents): plumes bien trop petites (tout en haut et tout en bas), duveteuses (en haut à gauche, sous les trois toutes petites plumes), rachis tordus (en bas à gauche).  Les deux grandes plumes à gauches sont correctes, même si trop duveteuses (on le voit car les barbes ont tendance à être amalgamées entre elles, comme si elles présentaient un système d'accroche (voir plus bas dans le texte).

Dans les trois marquesPêchetruite, M. Petitjean et JMC, il y a un manque d'homogénéité flagrant dans les sachets, et entre les sachets.

Remarque générale : quelque que soit la gamme (standard, select, XL, etc), et la marque, les plumes de CDC en couleurs naturelles sont généralement de bien meilleure qualité que les plumes éclaircies et/ou teintes. En effet, pour éclaircir et/ou teindre, il faut un traitement chimique assez drastique qui va détériorer la structure kératinique externe des barbes et barbules (pouvant même même supprimer tout ou partie des barbules) afin de les éclaircir, puis éventuellement de les teindre. Dans sa vidéo montrant comment teindre des plumes et des poils, J.P. Dessaigne explique qu’il faut chauffer, mettre des détergents, et acidifier. C’est drastique, donc !!

Les plumes vraiment inutilisables sont très rares (j’estime à environ 2-3% les plumes inutilisables dans un lot : absence de barbes, ou barbes trop courtes et/ou trop clairsemées, « plumes » trop duveteuses, rachis vraiment trop épais…).

Certaines marques risquent de grincer des dents, mais je n’ai aucune illusion sur le fait que mes propos puissent faire évoluer leurs stratégies commerciales…et surtout, ils ne présentent pas ce but. L’objectif de cet article n’est pas là, mais bien de partager avec vous mon point de vue - qui n'engage que moi -  sur les plumes de CDC que j’utilise pour satisfaire ma passion qu’est le fly tying. Encore une fois, je parle donc  uniquement de ce que j’ai et utilise. Mes appréciations sont personnelles. Je m’exprime sur ce que je vois, et perçois lors des montages. Si avec une petite plume je fais une mouche, alors qu’il me faut deux grandes plumes d’une autre marque pour faire la même mouche, alors je considère qu’il y a une réelle différence de qualité.

Mais, je tiens également à être clair sur ce point:  la très grande majorité des plumes du commerces peuvent être utilisées d’une manière ou d’une autre. Certaines plumes vont se prêter à certaines techniques de montages, d’autres à des techniques différentes. Ce n’est pas pareil de tourner un corps à partir d’une plume, que de faire l’axe d’un parachute avec des barbes. Dans le premier cas il vous faut une plume assez longue, mais surtout avec un rachis fin et des barbes longues et nombreuses sur le rachis. Dans le deuxième, seulement les barbes sont utilisées, et donc, même si un peu trop duveteuses, ce n'est pas grave.  Par contre, si l'axe vertical de votre parachute doit également figurer les ailes (plutôt que d'être uniquement un tag visuel), alors la, les barbes ne doivent pas être trop duveteuses. C’est donc au monteur de s’adapter aux plumes dont il dispose.

Enfin, dernière remarque, j'essaye - autant que faire se peut -  de vous montrer à chaque fois plusieurs plumes (que j'ai pris au hasard dans les pochettes) afin de vous montrer la variabilité du sachet, et surtout afin que vous puissiez vous forger votre propre opinion.

Bon, vous m’accompagnez ? Allez, je vous emmène dans mon CDC trip.

Mais avant tout, je vous présente le plan que je vais suivre pour cet article.

  1. Qu’est ce que le CDC exactement ?
  2. Et les glandes uropygiennes?
  3. CDC versus puff
  4. Le CDC naturel
  5. Les puffs
  6. Le CDC standard
  7. Le CDC XL
  8. CDC Super select de Veniard
  9. Variations de qualité
  10. Autres plumes CD« X ».

1) Qu’est-ce que le CDC exactement ?

Qu’est-ce que le CDC ? C’est simplement un sigle qui signifie Croupion De Canard. Le jargon populaire, l’a transformé en Cul De Canard. Ce qui est certes bien plus évocateur pour le béotien. Mais nous n’en sommes pas. Et ma formation scientifique m’amène à définir exactement ce que signifie ce sigle.

Selon le Larousse, la définition du nom commun « croupion » est :

De même, et toujours selon le Larousse, la définition de « cul » est la suivante :

Donc, imaginez monter une mouche avec un croupion de canard… Ou encore avec une paire de fesses humaines…Cela frise le fantasme, non ?

Le croupion est donc la partie arrière du corps des oiseaux. Il est formé :

  • de vertèbres caudales,
  • du pygostyle,
  • des muscles,
  • de la peau (et de la graisse afférente),
  • des glandes uropygiennes,
  • des plumes.

Ces plumes sont de trois types : les pennes ou plumes de contour (nommées rectrices sur la queue; sur les ailes, ce sont les rémiges), et les plumules, qui sont de petites plumes très simples, de structure remarquablement uniforme parmi les Oiseaux. Elles se situent sous les plumes de contour et sont constituées d’une touffe de barbes implantées directement sur le calamus (la partie de la « tige » - rachis - qui est sous la peau) très courts. Le rachis, lui est souvent absent ou très court. Il existe un troisième type, les filoplumes, mais elles n’intéressent pas le croupion. Enfin, le duvet (neoptile chez le poussin, ou téloptile chez l’adulte) fait également partie des téguments kératinisés des Oiseaux (Beaumont A. & Cassier P., 1982).

Photo ci-dessus extraite de Wikipédia : Eclaté d’un squelette d’oiseau, avec la mise en évidence des os constitutifs du croupion.

Ci-dessus, photo d’une planche du livre de ma bibliothèque (Beaumont et Cassier).

Différents types de plumes :

A et B : plumes de contour,

A : rémige avec système d’accrochage des barbes sur toute la surface de l’étandard ;

: plume de couverture banale : le système d’accrochage n’existe pas sur les barbes situées près du calamus (partie proximale de l’étendard).

C : plumule, avec calamus très court.

: filoplume, qui est une plume dégénérée, située souvent à la base d’une plume de contour.

Légende : B – barbe ; Bb. – barbule ; C – calamus ;  E – étendard ; H – hypoptile ; O.I. – ombilic inférieur ; O.S. – ombilic supérieur ; R ; rachis.

E : coupe transversale d’une barbe : B – barbe ; Bbc – barbicelle ; Bb. D – barbule distale ; Bb. Pr. – barbule proximale lisse.

Donc, les plumes de CDC, qui sont des petites plumes avec des barbes et barbules dépourvues de tout système d'accrochage,  ne font pas vraiment partie des trois catégories sus nommées. En fait, le CDC désigne simplement les petites plumes entourant  l’orifice du canal des glandes uropygiennes. Ces petites plumes présentent une structure intermédiaire entre les plumules et les plumes de dites de couverture intermédiaire, pour lesquelles une partie des barbes (partie proximale – basse) de l’étendard (l’ensemble des barbes) ne présentent pas de système d’accroche. Ce terme de CDC est purement "halieutique", ou tout au moins dédié à la pêche à la mouche. Il n'est pas un terme scientifique.

Selon L. Collin (« Évaluation de l'apport des plumes en tant que prélèvements pour le diagnostic des maladies aviaires ». Thèse d'exercice, Médecine vétérinaire, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse – ENVT, 2019), le CDC serait donc une semi-plume.

En fait, sur les plumes de CDC, les barbes possèdent des barbules. Mais il n’y a pas de système d’accroche des barbes entre elles (pas de barbicelles).

Dans le reste de cet article, je parlerai donc de plume de CDC, afin de simplifier les choses.

Photo de l’auteur ci-dessus : Quelques échantillons de plumes de CDC. Comme vous le verrez plus tard, ces plumes de très bonne qualité présentent un rachis fin, de longues barbules non duveteuses, et une belle homogénéité d’un sachet à l’autre, ainsi qu'au sein d’une même sachet (les plumes sont groupées par deux sur cette photo, chaque paire provenant d’un sachet de couleur différente).

2) Et les glandes uropygiennes

Les oiseaux ne présentent que trois types de glandes cutanées à sécrétion holocrine huileuse (la libération des produits de sécrétion dans la lumière des tubules se fait par rupture des cellules sécrétrices), parmi lesquelles les deux glandes uropygiennes s’ouvrant à la face dorsale du croupion. Ses sécrétions  sont un mélange complexe de corps gras et de cires. S’il a longtemps été admis que cette glande avait pour rôle d’imperméabiliser les plumes, plus récemment, l‘hypothèse d’un rôle de ces sécrétions holocrines dans le maintien de la souplesse des plumes et dans l’inhibition de la croissance bactérienne (avec pour résultat l’entretient des plumes), semble prendre le dessus.

Dans  “Uropygial gland disease conditions” (in Clinical veterinary advisor: birds and exotic pets, Eds Elsevier, 2013), G. Mayer & T. M. Donelly, décrivent la composition des sécrétion uropygiennes comme variant considérablement en fonction de l’espèce, du sexe, de la saison, du régime alimentaire et de la régulation hormonale. De plus, les auteurs attribuent de nombreuses fonctions à ces sécrétions:

  • Activité antimicrobienne dirigée contre les bactéries et champignons impliqués dans la dégradation des plumes ;
  • Effet anti abrasif empêchant la dégradation des barbules ;
  • Effet antiparasitaires (poux des plumes) ;
  • Rôle dans l’imperméabilisation des plumes ;
  • Rôle dans la conversion de la pro-vitamine D en vitamine D, puis ingestion lors du lissage avec le bec ;
  • Fonction dans les changements liés au sexe des apparences ultraviolettes du plumage ;
  • Production de phéromones (les hormones sexuelles qui sont des molécules dérivées du cholestérol) ;
  • Rôle excrétoire de composés exogènes lipophiles toxiques (pesticides et polluants).

D’après Salibian S.,& Montaldi D., “Physiological and biochemical aspects of the avian uropygial gland”, Braz. J. Biol. 2009, 69(2), la composition des sécrétions uropygienes est une mixture complexe composée de lipides, d’esters aliphatiques, et de cires aliphatiques estérifiées.

En aparté, ceci m’amène quand même à me poser des questions sur « l’huile de CDC » que l’on utilise pour redonner de l’imperméabilité (flottabilité) aux plumes de CDC, et qui est vendue à prix d’or (près de 10 euros pour un flacon de 20 ml chez M. Petitjean, plus de 11 euros chez JMC: cela fait cher au litre...). D’abord, est-elle vraiment « naturelle », c’est-à-dire extraite, purifiée et désodorisée à partir des sécrétions uropygiennes, ou est-ce simplement une huile végétale X ou Y supplémentée en cires naturelles et autres composés ? En effet, puisque ces sécrétions holocrines uropygiennes ont une composition variant fortement en fonction de plusieurs paramètre externes (saison, régie alimentaire) et internes (sexe, régulation hormonale…), ne serait-il pas possible d’en faire une « copie » de manière très simple ?

Si les "huiles de CDC" vendues dans le commerce sont vraiment issues directement des oiseaux, je comprends le prix. Dans le deuxième cas (huile végétale supplémentée), vive le marketing. Je tenterais bien de faire un mélange d’huiles végétales, de cire végétale (cire d’abeille, par exemple, que l’on utilise pour cirer les meubles) et d’alcool ménager, et d'en voir l’effet sur la flottabilité des plumes de CDC, et donc de nos chères mouches (en comparaison avec de l’huile de CDC vendue dans le commerce). Cela est une autre histoire. Mais c’est en écrivant cet article et en faisant quelques recherches bibliographiques que l’idée m’est venue.

3) Le CDC versus le puff

Nous avons déjà vu ce que sont les plumes de CDC. Mais dans le commerce, on trouve également des « puffs ».

En fait, ces puffs correspondent aux « plumules » que décrivent A. Beaumont et P. Cassier. Ce sont des plumes au calamus très court, et aux barbes et barbules dépourvues de système d’accroche. Elles sont toutes reliées au calamus par leur base, au même endroit. Ce ne sont pas des plumes de contour en phase de développement.

Photo ci-dessus, extraite de A. Beaumont et P. Cassier : Figures F à I : différents stades du développement d’une plumule. Légende : Bg. – bourgeon épidermique ; P.D. – papille dermique ; Pu. – pulpe ; F.P. - follicule plumaire ; Cr. B. – crêtes barbaires ; G.P. – gaine plumaire ; Ca.  – calamus ; B. – barbes.

Photo de l’auteur ci-dessus : quelques puffs de différentes marques. De gauche à droite : Hareline, Pêchetruite, pas de marque (puff achetés dans un magasin hors d’âge  - River City Fly Shop - à Portland, OR, USA), duvet (de goeland ?) récolté dans les marais salants de l’Ile de Ré il y a 6 ans.

Il faut donc bien différencier ces plumules (puffs) des semi-plumes (CDC)  en cours de développement. Ces plumes de CDC en cours de développement se retrouvent souvent dans les pochettes de CDC en vrac. Dans ces mêmes pochettes, on peut également trouver des puffs.

Photo de l’auteur ci-dessus : de haut en bas : puffs (plumules), semis plumes en cours de développement (on voit bien la gaine plumaire encore présente autour du calamus et du début du rachis), et semi plumes développées (CDC). Les CDC et CDC en phase de développement proviennent d'un même sachet.

Ces deux chapitres avaient pour but de « replacer » un peu l’état des connaissances. Dans les chapitres suivants, je passe aux plumes de CDC et puffs que l’on trouve dans le commerce, afin de les décrire et de vous en donner mon avis.

4) Le CDC sauvage

Heureux celui qui a des copains chasseurs. Grace à eux, il pourra récupérer ces fameuses petites plumes directement sur la carcasse du canard. De plus, comme ces plumes de CDC n’ont pas été traitées chimiquement (éclaircissement et/ou teinture), elles présentent encore une belle intégrité physique. Toutes leurs propriétés imperméables sont encore assurées grâce aux  sécrétions uropygiennes. Cette catégorie de plume est vraiment la Rolls du CDC

Personnellement, j’ai la chance d’avoir reçu du CDC naturel de canard colvert Anas platyrhynchos, (également appelé « mallard » au Canada, alors que ce terme désigne en France le mâle du canard colvert).

Ces plumes, très petites, (1,5 – 2 cm) présentent un calamus et un rachis qui sont courts et très fins. Les barbes, sont extrêmement fines et de longueur appréciable (le ratio longueur des barbes sur longueur du rachis est très intéressant). De plus, ces barbes ne sont pas duveteuses. Bref, vous l’avez compris, ces plumes sont magnifiques. Cependant leur petite taille, donc la faible longueur (relative) de leurs barbes, les réservent au montage de toutes petites mouches, en taille 20-18, mais pas plus gros.

Photo de l’auteur ci-dessus : une EM3 faite par l'auteur, montée avec une plume de CDC sauvage et un hackle de coq du Limousin sur un hameçon H20 (Dohiku 301).

J’ai également acheté des plumes de CDC sauvage chez S. Bailly. L’espèce d’origine n’est pas connue, mais la qualité est vraiment au rendez vous. En regard de la plume, il s’agit probablement de plumes de colvert, même si, et vous le verrez plus loin dans cet article, différentier une espèce à partir de ces plumes est très difficile, voire impossible.

Photo de l’auteur ci-dessus : CDC sauvage. A gauche, plumes issues de prélèvements (chasse) et provenant de colverts. A droite, CDC sauvage de chez S. Bailly.

Photo de l’auteur ci-dessus : A gauche plumes de CDC de colverts sauvage issues de prélèvements (chasse). À droite CDC sauvage de chez S. Bailly. Cette photo met en évidence la grande qualité de ces plumes, qui sont toutefois très petites. L’homogénéité au sein d’un sachet est le reflet – selon moi- de la variabilité interindividuelles naturelle  des oiseaux ayant servis aux prélèvements. La différence de couleurs peut-être le reflet d’espèces différentes, mais rien n’est moins sur.

A vrai dire, quand on compare les deux, il n’y a pas de différence objective, si ce n’est la couleur, plus claire dans le cas du CDC de chez S. Bailly. Est-ce dû à la provenance différente (espèces différentes). Je ne sais, et il est à mon avis impossible de le savoir. La variabilité de couleur interindividuelle (au sein d’une même espèce) est également une explication possible.

Un ami, pour le besoin de cet article, m’a demandé de parler du CDC sauvage de Polishquill. Selon lui, il est d’une qualité exceptionnelle. Pour être honnête, je ne me prononcerai pas sur ce matériel, car je n’en ai pas. Cet ami me disait que ces plumes sont d’excellente qualité, ce que je veux bien croire, mais qu’elles sont un peu chères. Effectivement, le sachet de 2 g est à 19 euros. Cependant, quand on compare aux autres marques (qui les vendent en sachets de 1 g), ce n’est pas si cher que cela. Malheureusement S. Bailly ne commercialise plus de matériel de fly tying, ce qui est vraiment dommage, car tous ses produits étaient vraiment d’une qualité exceptionnelle (je pense également à son dubbing naturel d’écureuil qui est au-dessus de tout, je trouve). Ce CDC sauvage de Polishquill pourrait donc être une bonne alternative.

HDflies commercialise également des plumes de CDC sauvage. Je n’en ai pas, mais je pense que je vais en acheter bientôt, ayant une opinion assez bonne de leurs produits. Dans l’attente, je ne peux vous en parler.

5) Les puffs

Comme nous l’avons déjà vu, les plumes de puff sont des plumules, c’est à dire qu’elles présentent un calamus très courts, et que le barbes sont directement reliées par leur base au sommet du calamus. Elles sont  de taille très réduite, donc.

Quel est l’intérêt des puffs ?  Comme ce sont de petites plumes présentes ailleurs qu’autour de l’orifice du canal uropygien, il y en a beaucoup plus sur un oiseau qu’il n’y a de plumes de CDC (seulement environ une douzaine par oiseau). D’autre part, un traitement destiné à blanchir préalablement des plumes / plumules sauvages (de couleur naturelle gris foncé), pour le teindre ensuite, altère considérablement la qualité de cette plume. En effet, ces traitements sont très agressifs pour les cuticules kératiniques des barbes et barbules. Des plumules, il en existe donc sur des souches de canards domestiques blancs. On peut alors très facilement les teindre sans en altérer trop la structure des barbes par un blanchissement préalable.

D'ailleurs, pour ceux souhaitant un peu approfondir le sujet des plumes, un excellent article est disponible sur Internet: Evaluation de l'apport des plumes en tant que prélèvements pour le diagnostique des maladies aviaires.

J’ai des puffs de chez Hareline, de chez Pêchetruite, ainsi que des puffs achetés dans un shop magique à Portland, OR, USA, ou le propriétaire n’avait qu’une simple calculette pour faire l’addition, même pas de caisse enregistreuse, mais était d’une gentillesse incroyable, avec une connaissance sur la pêche à la mouche que j’ai rarement rencontrée chez autrui…

Honnêtement, pour faire les ailes des petites mouches, seuls les puffs Hareline sont vraiment valables. Car ce sont principalement des plumules avec des barbes assez fines. Les puffs que j’ai de chez Pêchetruite, ou de ce magasin à Portland présentent des barbes de plus gros diamètre, frisottées, parfois un peu duveteuses, et les plumules sont plus « touffues ». En les divisant en 2 parties, elles font par contre de très bon axes pour faires des montages parachutes bien visibles. Ces puffs Pêchetruite et de ce flyshop sont cependant à mon gout un peu trop duveteuses. D’où leurs barbes beaucoup plus épaisses, et ondulées. Mais cela n’est que mon impression.

Une autre utilisation possible est dans la réalisation de la « Transition dun », montage décrit dans « CDC Evolution ». Sur l’image ci-dessous, on voit que les deux plumes utilisées sont en fait des puffs, et cela se voit à l’aspect général des barbes et barbules.

Photo ci-dessus : transition dun, extraite du livre "CDC evolution". En fait, pour cette mouche, le principe est de garder le calamus des deux puffs, et ces calamus qui vont figurer les ailes en cours de développement.

Donc, mon conseil, serait d’acheter dans un magasin physique, ce qui vous permettra de jauger pour de vrai les plumes que vous souhaitez acheter, plutôt que sur un website. Mais ce n'est pas forcément simple, je le reconnais bien volontiers. D'où l'importance de l'homogénéité dans une marque et pour un modèle donné!

Photo de l’auteur ci-dessus : Photo de sachets de puffs de chez Hareline, et Pechetruite. En bas au centre, trois sachets issus du flyshop de Portland, OR, USA.

Photo de l’auteur ci-dessus : quelques puffs de différentes marques. De gauche à droite : Hareline, Pechetruite, pas de marque (puffs achetés dans un magasin hors d’âge a Portland, OR, USA), duvet (de goeland ?) récolté dans les marais salants de l’Ile de Ré il y a 6 ans. Sur cette photo, on distingue les différences de qualité. Hareline est selon moi le meilleur pour les puffs, quand on le compare à Pêchetruite. Les barbes sont en effet plus fines, moins duveteuses. Les puffs « américains » sont plus utiles pour faire des tags, ou pour tourner un hackle dessus (montage parachute). Le duvet est excellent pour faire du dubbing!

Cependant, si j’ai quelques sachets de ces puffs, je leur préfère de loin l’utilisation des toutes petites plumes d’oiseaux (canards) sauvages. Le seul hic est qu’il n’y en a qu’en couleur naturelle,  ce qui limite un peu les patterns.

6) Le CDC "standard"

Ce sont les plumes de CDC les plus classiques que l’on peut trouver. La taille des plumes varie en général 1,5 à 4-5 centimètres. Il est possible de les utiliser de plusieurs manières. M. Petitjean en décrit quelques-unes dans son livre « CDC ».

Dans ces plumes, on trouve du très bon, du bon, du moyen et du très mauvais. Qu’est ce qui me permet de faire cette classification ? Tout d'abord, je les ai évalués selon les critères définis en début de cet article. Ensuite, c'est le nombre de plumes de très bonne qualité, dans un sachet, qui fera la différence. Je parle bien de sachet standard de 1 gramme. Car j’achète aussi du bulk en 5 grammes (chez AB Fly). En fait, vous lirez dans beaucoup d'articles, livres, sites web etc  le terme de « plumes utilisables ». C’est à mon avis une vrai bêtise.

En effet, quelle que soit la plume, il est possible de l’utiliser. Plumes courtes, plumes duveteuses, plumes au barbes clairsemées, il est possible de toutes les utiliser, en fonction des montages que vous souhaitez faire, et avec un peu d’imagination. Le pire est d’avoir des plumes vraiment inutilisables pour le montage. Donc dans ce cas-là, autant récupérer les barbes, et en faire du dubbing de CDC. Mais dans ce cas également, on l'utilise, pour faire ce dubbing de CDC. Ainsi, vous ne jetterez rien. J'ai connu cela avec un sachet de CDC de chez JMC, commandé sur internet: que des plumes seulement bonnes pour faire du dubbing. Un peu rageant.

Je garde cependant ce terme « plumes utilisables ». Mais seulement pour qualifier les plus belles plumes d’un sachet : barbes longues, non duveteuses, non frisées, rachis fin. Ce sont en fait ces plumes que l’on utilise de manière classique pour faire les ailes, ainsi que le fait Dipteria31 dans sa video (à partir de 4,13 minutes).

  • Dans cette gamme de plumes, je placerai en tête le CDC « super select » de SWISS CDC, de qualité légèrement supérieure au CDC standard de chez S. Bailly (qui reste cependant vraiment très bon). Les plumes sont en effet (toutes) assez longues, très fournies en barbes (qui sont fines et suffisamment longues), le rachis est très fin. Selon moi, c’est d’une qualité équivalente au CDC naturel, la longueur des plumes en plus. Ces plumes sont parfaites pour du montage en taille 18-16. Les sachets sont relativement homogènes en terme de qualité.

Photo de l’auteur ci-dessus : SWISS CDC standard (en haut - j'en parlerai plus bas dans cet article), CDC standard de chez S. Bailly et CDC super select de chez SWISS CDC (en bas à droite).

Photo de l’auteur ci-dessus : Détail des plumes de la photo précédant. À gauche, CDC standard de chez S. Bailly. Au centre SWISS CDC standard, qui montre une qualité moindre (montrées à titre de comparaison). A droite CDC super select de chez SWISS CDC. Les plumes sont un peu plus homogènes, un peu plus longues.

  • En deuxième position, je pense au CDC de Fly Scene (une belle découverte), ainsi que le CDC de chez Y . Caleri.  Dans les deux cas, les plumes ne sont pas trop petites, et relativement bien homogènes - dans un sachet et d’un sachet à l’autre. Les barbes sont fines et longues. De plus le rachis est également fin. Bref, ce sont de très bonnes plumes, que l’on peut avantageusement utiliser pour tourner un corps d’éphémère. Je ne les place qu’en seconde position uniquement parce que les plumes sont plus petites que le CDC « super select » de SWISS CDC  et le CDC de S. Bailly. Sinon en termes de qualité, ces marques / gammes sont parfaitement équivalentes au SWISS CDC « super select ».

Photo de l’auteur ci-dessus : CDC de chez Fly Scene (en haut), CDC "standard" de chez Y. Caleri.

Photo de l’auteur ci-dessus : Détail des plumes de la photo précédante. À gauche, CDC de chez Fly Scene.  A droite CDC de chez Y.  Caleri. Entre les deux marques, les plumes sont de qualité similaire. Et on peut noter une bonne homogénéité (pour un même sachet) dans les deux cas .

  • Ensuite, en troisième position, je placerais les plumes « Grade 2 » de chez AB Fly, le Polish CDC de chez Polish quills, ainsi que le CDC « Standard » de SWISS CDC.

-Le grade 2 de chez AB Fly, je les prends en sachet de 5 grammes (bulk). Il s’agit pour moi du "CDC à tout faire". Et dans chaque sachet, il y a un peu de tout, des plumes magnifiques, d’autres qui le sont moins. Autant il y a des plumes superbes, autant d’autres présentent un coté duveteux des barbes, des tailles et grosseurs du rachis variables, tout comme la longueur des barbes. De plus, la qualité générale varie grandement d’un sachet à l‘autre. Selon moi, il y a donc trop de variations d’une plume à l’autre, et d’un sachet à l’autre pour mieux classer ce CDC. Par contre, et ainsi que je vous le disais, toutes les plumes sont utilisables, d’une manière ou d’une autre.

Photo de l’auteur ci-dessus : CDC « Grade 2 » en bulk de chez AB Fly.

Photo de l’auteur ci-dessus : Détails des plumes de chez AB fly en couleur naturelle (pas de traitement des plumes). Elles sont petites (d’ou leur classification), mais de bonne qualité et assez homogènes.

Photo de l’auteur ci-dessus : Détails des plumes de chez AB Fly ayant été éclaircies. On voit (en bas à droite de très belles plumes, mais petites). Le reste montre la variabilité avec des plumes longues. Les barbes peuvent avoir été détériorées par les traitements de blanchissement. D’ailleurs, l’effet de ces traitements se voit de façon plus générale sur la courbure des rachis, surtout quand ceux-ci sont un peu épais.

-« Polish CDC » de chez Polish quills : la qualité est là, c’est une évidence, mais la taille des plumes est un peu petite. D’autre part, il peut y avoir du puff dans les sachets. Si vous savez l’utiliser, aucun problème. Dans le cas contraire, ce sont des plumes d’une moindre utilité. Je ne classe ce CDC qu’en troisième position principalement à cause d’une manque d’homogénéité.

Photo de l’auteur ci-dessus : « Polish CDC » de chez Polish quills.

Photo de l’auteur ci-dessus : Détails des plumes de chez Polish quills. Il y a de très belles plumes (barbes longues et peu duveuteuses). Mais la taille générale des plumes est assez petite. On note un manque d’homogénéité assez important.

-Le CDC standard de chez SWISS CDC. Rien de mauvais, mais rien d’excellent non plus (voir plus haut).

 

  • En quatrième position, je classerai le CDC de chez Pêchetruite. La, il y a vraiment une grande variabilité. Si la qualité est indéniable dans les teintes naturelles (plumes au rachis fin, longues barbes également fines, relative homogénéité dans un sachet et d’un sachet à l’autre), par contre, dès que l’on passe sur des plumes artificiellement teintées, là, les choses se gâtent, et mon principal reproche est le côté souvent très duveteux des barbes, ainsi que la grande variabilité des produits. Est-ce du aux espèces de canards utilisées pour récolter ce CDC qui est ensuite teint ? Je ne suis pas loin de le penser. Cependant l’avantage de ce CDC est un prix très raisonnable, et encore une fois, toutes les plumes peuvent être utilisées d’une manière ou d’une autre, il suffit juste d’un peu d’imagination et de technique. En effet, si peu de ces plumes peuvent être utilisées pour faire des ailes de voilier, elles sont par contre parfaites pour faire les ailes des montages parachutes, les sacs allaires des émergeantes, etc.

Photo de l’auteur ci-dessus : Pochettes de CDC de chez Pêchetruite.

Photos de l’auteur ci-dessus : Détails des plumes de chez Pêchetruite en deux couleurs différentes. Globalement, et ainsi que vous pouvez le voir, ce n’est pas génial. Mais je ne crache pas sur ces plumes, car elles permettent de faire certains montages. Ce qui me gêne le plus, cependant, reste le côté duveteux de très nombreuses plumes, ainsi que vous pouvez le voir.

  • Enfin, et très loin derrière, le CDC de chez JMC – Mouches de Charette.  Cher, beaucoup trop cher, selon moi d’une si piètre qualité : variabilité très (trop) importante entre les plumes et entre les sachets, beaucoup de plumes en cours de développement, de nombreux débris dans les sachets. De plus, les couleurs tiennent mal. Pour preuve les taches laissées sur ma planche de mousse par les plumes grises, et les différences entre sachets sont énormes. Attention, je ne dis pas que toutes les plumes sont mauvaises. Mais il y en a vraiment trop peu de bonne qualité. Aucun intérêt selon moi. J’ai essayé, et j’ai oublié. JMC est au CDC ce qu’est Decathlon au sport : un généraliste proposant du bas de gamme, avec de temps en temps un bon produit. Décathlon à cependant l’avantage d’être très compétitif au niveau des tarifs…pas JMC.

Photo de l’auteur ci-dessus : CDC de chez JMC .

Photos de l’auteur ci-dessus : Détails des plumes de chez JMC. Sur la photo du haut, vous voyez du CDC naturel (à gauche), et teinté à droite.  Les plumes présentent un manque d’homogénéité évident, avec présence de duvet, de plumes en cours de développement etc. Globalement, il y a une seule vraiment belle plume. Photo du bas (même photo, mais ayant pivoté  d'un angle de 90°C vers la gauche): les choses se gâtent.  j’ai ôté les plumes teintées. Regardez les traces de couleur laissées sur le support. No comment. Ceci je ne l'ai observé nul part ailleurs.

7) Le CDC XL

Là, on tombe dans l’autre rolls du CDC (la première étant le CDC sauvage). Avec ces plumes, vous pouvez tout faire. Généralement le rachis est long (pouvant aller jusqu’à 7 cm), fin, les barbes longues et fines, non duveuteuses. J’ai la chance de pouvoir vous parler du CDC XL de Pêchetruite, du CDC XL de AB Fly, du CDC plumes extra longue de chez S. Bailly, du CDC Ultra select XL SWISS CDC, et du CDC de chez M. Petitjean.

  • Je vais être direct : le « CDC plume extra longue » de chez Sylvain Bailly et clairement hors concours. Ma grande tristesse est que S. Bailly ne commercialise plus de produit de fly tying. Ce qui est vraiment dommage, car encore une fois, ses produits étaient d’une très grande qualité, voire d’une qualité exceptionnelle. J’ai la chance d’avoir quelques sachets en réserve, couleurs grises (gris Bally, gris clair teinté, gris naturel, gris Baetis naturel, gris teinté), olive blue dun, marron foncé naturel, et rose teinté. Il ne me reste malheureusement qu’une dizaine de plumes en gris Baetis naturel… Il est pour moi évident que si ces produits étaient encore commercialisés, je n’achèterai plus que cela maintenant (avec du CDC de canard sauvage, et du bulk).

Photos de l’auteur ci-dessus : Sachets de CDC plume extra longue de chez S. Bailly (en haut). Au centre, comparaison (deux plumes de chaque) de trois sachets en couleurs différentes. Photo du bas, détail des CDC. Ces plumes sont juste superbes, la taille en plus.

  • En deuxième position, je place le CDC Ultra select XL de chez SWISS CDC. La également, vous pouvez y aller les yeux fermés. Pourquoi ne pas les mettre ex-aequo avec le CDC plume extra longue de S. Bailly ? Tout simplement, car certaines plumes peuvent avoir à la base un peu (mais vraiment très peu, et seulement sur un très faible pourcentage des plumes) de barbes trop duveteuses. Mais sinon, rien à redire, la qualité et l’homogénéité des plumes, dans un même sachet, et d’un sachet à l’autre est vraiment remarquable. Par contre, pour une même « couleur », il est évident que d’un lot à l’autre, il peut y avoir d’infimes variations de teintes. Mais cela n‘est aucunement dérangeant, selon moi. C’est le seul CDC que j’achète maintenant (en dehors des bulks AB fly « à tout faire »). Le sachet est cher (plus de 12 euros). Mais croyez-moi (ou pas…), vous en avez pour votre argent ! J’ai des sachets en light brown, brown, dark brown, dark grey kaki, new blue dun pale dun, pale olive, pale yellow, et yellow fluo.

Photos de l’auteur ci-dessus : Sachets de SWISS CDC Ultra select XL (en haut). Photo du bas : détail des plumes (trois plumes issues de trois sachets différents). Même s’il y a un blanchissement (plumes de droite), la qualité reste équivalente aux plumes de couleur naturelles. Ces plumes sont vraiment très belles, et, à défaut des plumes extra longue de S. Bailly, quand je souhaite utiliser de grandes plumes, ce sont celles-ci que j’utilise.

  • En troisième position, je pense au CDC XL de chez AB Fly, ainsi que les CDC XL de chez Pêchetruite (qui reste de qualité légèrement inférieure, cependant). Ces deux marques proposent du XL de bonne qualité. J’ai des sachets en beige teinté, gris foncé, gris, beige clair, jaune olive, et kaki. Le fait que je ne les positionne qu’en troisième place vient du fait que les plumes en beige teinté sont très légèrement duveteuses (cela provient probablement du matériau – de l’espèce- utilisé pour la teinture), et que sur le beige clair, quelques plumes ont des barbes un peu courtes, proportionnellement.

Photos de l’auteur ci-dessus : Photo du haut : sachets de CDC XL de chez Pêchetruite (en haut à gauche) et de chez AB FLY. Photo du bas : détails des produits. On voit que la qualité globale des plumes de chez Pêchetruite reste un peu inférieure à la qualité globale des plumes de chez AB Fly (barbes moins longues, plumes parfois un peu plus duveteuses). Rien de bien évidant, mais une impression générale..

  • Enfin, et en dernière position (et je sais que je vais m’attirer les foudres de nombreuses personnes), le CDC de M. Petitjean. Autant vous le dire tout de suite, j’en ai beaucoup…Et j’en suis  quand même pas mal déçu. J’ai des sachets en yellow (old), olive, light mallow, beige, light yellow, blue dun, pink, fluo-green et cream (qui ressort beaucoup plus orange que sur la photo disponible sur son site; en fait la couleur est vraiment saumon pâle…erreur de contrôle qualité ?). Pour faire simple, seul le beige (qui est visiblement un CDC naturel) est de grande qualité. Les rachis sont fins. La densité des barbes est très bien, et ces barbes ont une belle longueur. Il n’y a pas de plumes duveteuses. Par contre, les plumes sont un peu courtes pour les utiliser pour faire des corps. En fait, elles ont une taille standard, bien plus que XL. Dans toutes les autres couleurs que je possède, les plumes ont vraiment des tailles XL. Donc, cette teinte naturelle, oui, à fond, et vous pouvez y aller les yeux fermés. Quant aux autres…les plumes sont longues, certes, mais le rachis est souvent très épais, coudé. Sur certaines plumes les barbes sont éparses (parfois presque dépourvues de barbules, reflet d'un traitement chimique trop drastique?) et courtes, bref, utilisables (et à ce tarif c’est vraiment dommage) uniquement pour faire du dubbing de CDC… Objectivement, même si leur proportion reste très faible (je vous parlais de 1 à 3% - estimation), je n’ai rencontré de plumes  XL aussi mauvaises que dans cette marque. Mais ce qui me gêne le plus sur ces plumes colorées de grande taille, c'est surtout le manque d’homogénéité (d’un sachet à l’autre). Vous l’avez compris, je ne suis vraiment pas fan. Mais peut-être suis-je resté sur une mauvaise impression avec un paquet qui était vraiment très mauvais…

Photos de l’auteur ci-dessus : Photo du haut : sachets de plumes de chez M. Petitjean. Photo du bas : détails des CDC. Sur la deuxième rangée de plumes, il s'agit du CDC en couleur naturelle. Les plumes sont plus petites, certes, mais de bien plus belle qualité générale. Une belle surprise. Dans les autres couleurs, il y a une grande homogénéité des tailles (grandes plumes)… Mais ensuite, on s’arrête là.

8) CDC Super select de Veniard

Veniard commercialise le « CDC super select ». Il s’agit de sachets contenants chacun 20 plumes repartis en deux « tas ». Ces plumes mesurent environ 4-5 cm, sont extrêmement homogènes, calibrées. Les barbes sont très denses (en terme de nombres sur le rachis) et longues. Si j'en parle dans un chapitre séparé, c'est par ce que Veniard - à ma connaissance - est la seule marque proposant des sachets contenant un nombre définit de plumes.

Ce sont indéniablement de très belles plumes. Et je dois l’avouer, même si j’en ai 7 sachets (pink, natural grey, natural kakhi, natural blue dun, olive, dark dun et light dun)… Je ne les ai jamais testées. Collectionnite ? Oui, probablement. Ou plutôt, l’envie de les conserver pour un montage exceptionnel. Tout au moins, peut-être est-ce ainsi que je tente de me disculper de mon addiction au fly tying !

 

Photos de l’auteur ci-dessus : Photo du haut : sachets de CDC super select de chez Veniard. Photo du bas : détails des produits. Leur qualité et homogénéité sont évidentes. La taille de plumes correspond à celle des plumes de CDC standard abordée plus haut. Je ne les ai cependant pas classées dans la même catégorie. Car les plumes sont vendues par 20, et non pas par 1 gramme.

9) Variations de qualité

Mon critère premier d’évaluation de la qualité est l’homogénéité des plumes, dans un sachet, mais également d’un sachet à l’autre. Cette variabilité (manque d’homogénéité), je la trouve importante dans le CDC de M. Petitjean, ce qui m’a amené (parmi d’autres critères) à avoir mauvaise opinion de ce matériel. Je nuance cependant - encore une fois - avec la teinte beige naturelle, qui propose des plumes de très belle qualité, mais restant petites.

Pour une marque / modèle donné, l’on peut avoir des variations de teintes. Ceci est selon moi normal, même si cela est génant quand vous achetez par Internet.  La photo du site ou vous achetez donne parfois des teintes légèrement différentes de celles que vous allez recevoir. Après, des variations de teintes (mais pas de couleur) ont-elles une réelle importance pour le poisson ? Ou bien est-ce juste une question de satisfaction personnelle ?

Quand vous achetez des bulks (je pense aux sachets de 5 grammes de chez AB Fly), je trouve normal d’avoir un large panel de plumes (tailles, longueur des barbes, etc). Cela ne me gêne pas, bien au contraire. Car chaque plume trouve sa place dans un montage donné. Et avec un peu d’habitude, vous allez directement chercher dans le sachet LA plume qui convient à la mouche que vous êtes en train de monter. Chez AB Fly, la couleur et la teinte sont par contre bien homogènes d’un sachet à l’autre.

Cette homogénéité, je l’avais trouvé dans les plumes extra longues et dans le CDC sauvage de S. Bailly. Je la trouve dans le CDC Ultra select XL de chez SWISS CDC.

Donc, dans le cas du CDC XL de chez SWISS CDC, quand vous achetez un sachet, vous savez exactement ce que vous allez recevoir. Et cela est vraiment primordial, selon mes critères.

Photo de l’auteur ci-dessus : A gauche, deux plumes Ultra select XL de chez Swiss CDC, à droites, deux plumes de chez M. Petitjean. Les plumes SWISS CDC sont bien homogènes d'un sachet à l'autre, les barbes sont fines et longues. Globalement, les barbes fixées sur le bas - environ 1/9 ème du rachis - sont duveteuses. Les plumes MPJ: les barbes situées sur environ 1/4 du rachis sont tout ou partie duveteuses. Seul le tiers supérieur du rachis présente des barbes non duveteuses. Si la plume beige (tout à droite) n'est pas mal, la rouge est nettement moins bien. Sur ces quatre plumes, l'épaisseur du rachis est très semblable.

Mes choix se portent maintenant sur les bulks (à tout faire) de chez AB Fly, et sur le CDC ultra select XL de chez SWISS CDC.  Question CDC sauvage avec ses toutes petites plumes monochromiques, je vais tester Polishquills, sur les recommandations d’un ami. Comme je suis curieux de nature…et ainsi je pourrai faire des comparaisons.

Il existe d’autre marques proposant du CDC, mais je ne peux vous en parler…car je n’en ai pas. CQFD.

10) Autres plumes CD« X »

Grace à des amis (ils se reconnaitront), j’ai la chance d’avoir d’autres plumes bordant l'orifice du canal uropygien. Je vous avoue les conserver précieusement, et je n’en ai utilisée à ce jour aucune. Je les trouve tellement belles – et rares - que cela serait dommage – de mon point de vue – de les saccager pour en faire des mouches qui finiront tôt ou tard dans un arbre (caractéristique personnelle à ce stade de ma pratique du lancer) … Cependant, tôt ou tard, quand j'estimerai avoir acquis une dextérité suffisante pour le montage et pour le lancer, alors je les utiliserai pour faire LA mouche...

J’ai ainsi du croupion de bécasse, croupion de canard pilet, croupion de grand tetras (!), croupion de sarcelle d’hiver, croupion de courlis cendré (!), croupion de milouin.

Je vous montre ces plumes, pour le plaisir.

Certains me diront qu’avec le croupion de bécasse je devrais monter le fameux sedge à draguer de F. Stephan. Oui, mais non. Question sedge, j’ai ma Lilou (s'il ne devait en rester qu'une dans ma boite...elle y serait) qui est redoutable. Je préfère conserver soigneusement ces plumes si précieuses à mes yeux, car offertes par des personnes de valeur.

Photo de l’auteur ci-dessus : Plumes uropygiennes de plusieurs espèces. Bécasse et grand tétras montrent des plumes vraiment différentes. Par contre, entre les différentes espèces de canards (colvert, pilet, milouin, sarcelle d'hiver). Même avec le courlis cendré, les différences restent…vraiment minimes. Comme vous pouvez le voir, ces plumes sont superbes.

Voila, j’achève ici cet article. J’espère qu’il vous a intéressé, et qu’il vous sera utile dans vos futurs achats de CDC.

Merci de m’avoir lu, et n'hésitez pas à me faire part de vos expériences relatives au CDC.

Casa

4 réponses à “Le CDC, des plumes de rêve? Revue de quelques marques

  1. Casa,
    Certes les plumes de chez Devaux ne sont pas aussi longues que celles de Pestitjean, mais elles sont calibrées. Contrairement à JMC !!!!
    Dans les sachets Devaux, elles font toutes la même taille.
    Je ne prends que des Deux d’ailleurs pour cette raison

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