Reservoir Genetay pêche à la mouche eclosion montana streamer
1 / Au fil de l'eau Nouvelles

Une journée en réservoir, froide, humide, mais tellement ressourçante …

Première semaine du mois de Janvier de l’année 2021. Une année s’achève, dans toute son horreur, dans tout son désastre, humain, environnemental, économique. De gigantesques incendies ont eu lieu dans tous les continents, dans les deux hémisphères, un virus ravageur est apparu, mettant à genoux nos sociétés, avec son lot de désastres et de détresses humaines, passés et à venir. Confinement, couvre feux, masques, incertitudes, scénario catastrophes, économies mises en pause. Une année qui promettait tant de belles choses…qui s’est révélée annus horribilis

Mais nous sommes en 2021, il faut regarder devant. Depuis une dizaine de jours, le temps est humide, mais frais, froid même. Brouillard matinaux, quelques chutes de neige, gelées quotidiennes. Cela fait du bien aussi d’avoir froid. On se sent revivre, on se sent respirer, les joues rosies par le vent du Nord, les gants aux mains.

Avec Joel, nous décidons de faire notre première sortie de pêche de l’année. La date retenue est celle du 8 Janvier. Notre choix se fixe sur le réservoir du Genetay, géré par le Club Mouche du Mans. Une ancienne carrière de 5 hectares, dans un endroit un peu éloigné de tout, bordé seulement par des bois.  Mon ressenti est que la qualité de l’empoissonnement n’est plus le même depuis deux ans (moins de poissons, surtout moins de gros poissons), mais ce réservoir est vraiment très beau. Le président du CMDM, Laurent Bonetat, m’a cependant certifié que la seule modification de l’empoissonnement portait sur la morphologie des poissons, et non sur le nombre ou sur  la taille moyenne. Je le crois sur parole, ne restant qu’un bien piètre pêcheur, après tout.

1H15 de voiture à prévoir, c’est acceptable. Lors de la réservation de la journée sur le site dédié, je réalise que nous ne serons que deux sur le plan d’eau. Bonheur!!  Même si le nombre de pêcheurs est limité à 12 par jour (et même moins en cette période de Covid) , au delà de 4, l’eau portant les sons, cela devient très vite la kermesse. Et cela, je ne le supporte pas.  La pêche est pour moi un moment de partage avec un ou deux amis, mais loin de tout autre bruit…la pêche est pour moi une harmonie avec mon milieu environnant. Entendre des “tu l’as prise sur quoi?” ou encore “ah merde, j’ai cassé” tout au long de la journée me gonfle “passablement”, en fait.  Je dois devenir un vieil ours, qui ne supporte plus, une fois au bord de l’eau,  que la voix de ses amis.

Le matin

Jeudi, Joel m’appelle afin que nous nous calions pour le lendemain. J’ai vérifié les prévisions météorologique, pas de vent, pas de pluie prévus. Mais il me dit “cela devrait être la journée la plus froide de l’hiver”. Glups…je prévois mon habillement en fonction: 4 couches. Sous vêtement en laine mérinos, puis une polaire, un windstopper et enfin une veste hard shell en gore tex.  Je sais qu’avec le gilet autogonflant en plus par dessus (nous serons en bateau, sécurité oblige) je vais ressembler au célèbre petit bonhomme pneumatique.

M’en fout, nous ne serons que deux! En bas, pantalon de wadding sur un pantalon  en mérinos, des chaussettes “grand froid” en mérinos également. Une journée au froid sur un bateau peut vite devenir très pénible. Autant ne pas la gâcher dès le début en partant juste en maillot de bain.

Le jeudi soir, tout mon matériel est prêt, déjà rangé dans ma voiture. Nuit mauvaise, comme chaque veille de journée de pêche. Trop excité pour rejoindre calmement Morphée. A 4 heures du matin, j’ai les yeux grands ouverts. Mon épouse, que j’ai fini par réveiller à force de tourner et retourner dans le lit, râle un peu, et finit par se rendormir. Elle.

6h30, taratata. Douche, petit déjeuner rapide, je vais chercher Joel à 7h15. Sceau d’eau sur le parebrise pour faire disparaitre le givre épais. Il fait froid, il y a du brouillard. Ce brouillard que nous aurons sur tout le trajet, aller, et retour. Et entre les deux également.

8h40, nous sommes sur place, après un arrêt boulangerie. Il va nous falloir ingérer quelques calories sur le bateau, via un délicieux pain au chocolat, afin de résister au froid. La thermos contient du café, brulant. Nous nous équipons, pour finir par ressembler  à Robocop en ayant la grâce de ses mouvements.

Enfin nous somme sur l’eau.  Température de l’air: 0°C.  Température de l’eau: 3.8°C. Et à 2 mètres de profondeur la température y est similaire, à 0.1°C prêt. Du brouillard, pas un souffle de vent. L’eau, bien que verte est très limpide, les derniers jours de froid ayant eu raison du phytoplancton.

Pas un gobage. Nous avançons doucement au moteur électrique, Joel pilote, moi, fière vigie, je scrute l’eau. Nous ne voyons pas un poisson. Nous avons tous deux une 9″ #6 en main, et au bout de la pointe, pendouille fièrement une Black Snail, notre mouche pour le réservoir. Nous faisons doucement le tour du réservoir, en arrivant sur notre élan dans les zones que nous savons être propices. Rien. Pas de poisson, pas de gobage. Les doigts sont déjà transits.

Pause (et oui, également déjà) café brulant – chocolatine.  Tout est calme, pas de vent, les nappes de brouillard se déplacent très lentement. Pas de gobage. Seule une rangée d’arbres sépare l’eau du ciel.

Mais c’est tellement beau…

Nous décidons de laisser “tomber” nos 9″ #6, pour passer sur une…9″ #7, avec streamer. Je mets un “do nothing“, un streamer que j’utilise souvent. Couleur chartreuse. Je lance, et laisse couler tout doucement sans rien faire. De la est venu son petit nom. J’utilise une soie flottante, ce qui ralentit encore la descente du streamer. En principe, lors de la descente, la touche est violente. La, il y a 8 mètres de fond…et rien ne se passe.

Le  ciel est bas, ou plutôt c’est le brouillard qui est haut…je ne sais pas trop. Nous commençons à nous dire que si nous arrivons à prendre un poisson chacun dans la journée, ca serait top! Sans trop y croire vraiment, en fait.

Et il fait froid. Très froid. Tous les 4-5 lancers, il nous faut ôter la glace des anneaux. Les doigts font mal. Souvent, il nous faut arrêter de pêcher, pour enfiler les gants chauds. Malgré cela, l’onglet pince fort…

Nous faisons le tour du lac, histoire de pêcher tous les postes que nous savons être prolifiques – en temps normal. Mais aujourd’hui, rien. A un moment, j’entends un “plouf”, comme ce son que ferait un poisson venant prendre quelque chose en surface. L’espoir renait. Un deuxième, le sourire est la. Il change juste un peu quand je me rend compte que c’est un couple de martin pêcheurs qui plonge d’une branche pour attraper quelques petites bestioles aquatiques.

Nous allons sur une zone très peu profonde, qui borde un talus plongeant à 2 mètre environ. L’ambiance est magique, eau verte, ciel gris, arbres se détachant en silhouettes …

Je change de streamer. Je passe sur une Montana en petite taille (No. 8).  Il fait froid, les arbres sont blancs de givre.

Ma pointe fluo est en 20/100. C’est le diamètre minimum autorisé sur ce réservoir, pour la pêche au streamer. Une mesure très censée, tout comme l’interdiction des ardillons.  Lancé, ramené très très doucement. Je fais évoluer doucement ma Montana le long du talus…et, arrêt. Ma ligne a été stoppée. Un poisson est au bout. Défense très molle au début, devenant plus puissante au bout de quelques secondes. Il est à l’épuisette. Pas de photo, doigts trop froids, règlement interdisant de sortir les poissons de l’eau, je le décroche, il repart. Une belle arc-en-ciel de 50 cm environ. Un sourire sur mon visage transit.

A midi

Il est midi passé. Nous décidons de rentrer au chalet, prendre un repas chaud, nous réchauffer un peu auprès du poêle. En arrivant à la plage ou nous devons débarquer, 2 gobages. Nous regardons l’eau, quelques petites choses brunâtres flottent, résidus végétaux servant de nourriture aux folles. Nous pêchons un peu, dabord avec nos Black snails, sans succès, puis avec une Montana, qui nous permet de prendre trois poissons. En animations vraiment minimaliste.

Et puis, nous arrêtons, besoin de chaleur. Le chalet, le poêle et le repas que nous faisons réchauffer nous font du bien. Nos doigts redeviennent un peu moins malhabiles. Nos joues rosissent.

L’après midi

Repas rapide, et nous quittons cette douce chaleur pour rejoindre le bateau.  Dehors, les conditions n’ont pas évoluées.

 

Lors de cet après midi, nous évoluerons entre deux postes uniquement, les autres restant infructueux. Nous prenons des poissons. Tous sont piqués au bord des lèvres, aucun n’ayant engamé nos leurres. Les animations doivent être très très lentes. Nous essuyons des décrochés. Les conditions de pêche sont vraiment difficiles, avec ce froid mordant. La luminosité diminue doucement.

Nous insistons encore un peu, puis décidons d’arrêter. Nos organismes sont fatigués. Le temps de ranger le matériel, nettoyer le chalet, et faire la route, il nous faut deux bonne heures.

Et c’est en devisant de choses et d’autres, que, enfin bien au chaud dans la voiture, nous rentrons sur Angers.

Cette journée difficile, mais au combien merveilleuse, nous aura permis de prendre pas mal de poissons, au final, mais avec des décrochés, et une casse sur une grosse bête pour moi. Une pêche sous l’eau, avec une lenteur parfois un peu horripilante, aura été la seule technique fructueuse. La Montana aura été le streamer du jour.

Nous avons eu froid, mais c’était si beau. Et avoir la chance de pêcher ce réservoir dans un silence que rien ne troublait, si ce n’est le plongeons des martins pêcheurs,  était simplement inespéré et magique. Une si belle journée en fait, qui mis nos organismes à la rude épreuve des froids que nous ne connaissons presque plus, mais qui mit plein de rêves dans nos regards redevenus enfantins, le temps de cette première journée de pêche de cette nouvelle année.

 

 

8 réponses à “Une journée en réservoir, froide, humide, mais tellement ressourçante …

  1. C’est joliment dit. C’est encore plus beau quand on y est.
    Le réservoir est magnifique, différent chaque fois en fonction des conditions climatiques du moment.
    Les poissons de qualité , en bon état en général, ne se laissent pas prendre si facilement surtout les gros.
    Ils savent garder les distances au delà des zones de lancer des meilleurs double tracteurs. Des tracteurs ils n’y en a pas que des doubles. La simple traction suffit pour :rose: :rose: leurrer les truites de taille moyenne, dynamiques et discrètes.
    Merci Casa.

  2. Personnellement j’ai péché ce réservoir à plusieurs reprises avec un ami du club mouche d’Angers avant l’obligation d’adhérer au club du Mans. C’est un beau plan d’eau et c’est vrai qu’il y a de beaux poissons et même les jours ou nous étions assez nombreux sur le plan d’eau, nous n’avons jamais été gênés par le bruit. Dans les années ou nous y allions souvent des compétiteurs s’entrainaient ce qui je crois n’est plus le cas aujourd’hui.

Laisser un commentaire