L'Adams - une mouche que l'on ne présente plus
L'Adams est devenue, au fil des décennies, une mouche de légende...
Pourquoi? Peut-être et avant tout, par ce que cette mouche, inventée au début du XXème siècle, est toujours une mouche très prenante, à la silhouette et au montage résolument modernes. Elle a dailleurs été qualifiée de la "meilleure mouche du Michigan", qui est un des états connus pour leur multitude de plans d'eau et de rivières.
En effet, quand on la compare - par exemple - aux modèles de la série des Gallica, série de 37 mouches qui lui sont postérieurs, sa silhouette ne détone pas dans une boite à mouche telle que l'on peut avoir sur soi de nos jours. Alors certes, les Gallica sont des mouches vraiment magnifiques, mais on voit , à bien les regarder, que ce sont des mouches "old school".
Exemple de la Gallica No. 1 (montage et photo de Alfeo Busilacchio).
La collerette est très large, les cerques particulièrement longues, les matériaux employés (raphia pour le corps, cerclage avec du crin de cheval), étaient ceux disponibles dans les années 30. Ils ne sont plus que rarement utilisés de nos jours.
Le même modèle, monté par l'auteur dans le cadre du "Challenge Gallica".
Pour bien mettre en évidence les différences entre ces mouches "old school" que sont les Gallica, et cette mouche ancienne mais résoluement moderne qu'est l'Adams, ci-dessous une Adams, dessinée selon la formule "originale", et que l'on trouve dans le livre de Ian Whitelaw.
Cette mouche est donc une mouche d'ensemble, à la flottabilité très importante et qui est associée à cette collerette fournie. Elle imite des éphémères grises, brunes, des sedges, et bien d'autres insectes également. Dailleurs, I. Whitelaw parle de ce modèle comme étant le modèle "le plus efficace jamais monté", et qui a "marqué un tournant dans l'histoire de la pêche à la mouche en Amérique".
L'Adams se monte sur des hameçons de "8 à 14", mais je trouve cette mouche - et ses variantes - extrèmement prenantes quand montées sur des hameçons de tailles inférieures (16 à 20).
L'Adams - l'histoire
L'histoire de l'Adams - la "meilleure mouche du Michigan" - remonte au début du XXième siècle. Elle a été créée e, 1922 à la demande de Charles F. Adams, par Leonard Haladay, qui était un guide et monteur célèbre du Michigan (USA). Après avoir essayé cette mouche dans une petite pièce d'eau située devant la maison de L. Haladay, Charles F. Adams à dit que cet essai était un "knock-out", ce que l'on pourrait traduire par "une tuerie".
Dans les années 1930, L. Haladay expliqua à Dike Smedley, un auteur pecheur à la mouche, et qui participait à des concours de lancer, comment il avait monté cette mouche. Dans la seconde édition de son livre "Fly patterns and their origins" (1942), D. Smedley nous donne cette recette de montage pour l'Adams. Cette recette est la suivante (disponible dans l'article de John Fall *, '" The Legend of Halladay and His Adams", The American Fly Fisher, 42 (4), 2016):
*: John Fall est le petit fils de L. Haladay.
Donc, le corps (abdomen) est fait d'un brin de laine gris, les cerques sont simulées par deux barbes de tippet de faisan doré (comme je vous en parlais dans cet article sur les Cerques). Les ailes sont faites avec deux hackles étroits de coq de la race "Barred Plymouth Rock", et la colerette faite de deux hackles de coqs, un provenant de cette même race de coq, l'autre issu d'un coq de race "Rhode Island Red".
Les ailes sont dirigées vers l'avant en "demi spinner". Ceci correpond donc à un montage en "V" des ailes, selon un angle de 45°.
Mais que sont ces coqs, dont les noms ne nous semblent pas familier à nous, monteurs? Il sagit simplement de deux races de poules/coqs, l'une de couleur brun/rousse, et l'autre présentant le pattern grizzly, comme je vous le décrit dans cet article sur les Cous de coqs.
Les hackles utilisés par L. Haladay sont donc issus des deux races suivantes:
Donc, nous avons une mouche d'ensemble, ailée, d'un aspect assez bourru, dans un pattern gris/roux foncé. Voila ce que donne l'originale, telle que montée par L. Haladays, et visible dans le livre de Dike Smedley "Fly Patterns and Their Origins (Muskegon, Mich.: Westshore Publications, 1950).
Les ailes sont situées devant la collerette. Elles sont bien en "V" avec un angle d'environ 45°. La collerette occupe environ la moitié de la hampe. Les cerques ont la longueur de la hampe.
Sur ces photos en noir et blanc, la tête semble être noire, ce qui n'est pas décrit dans la formule de montage décrite par D. Smedley. Si l'on regarde plus en détail l'article du petits fil de L. Haladay (qui cite George Herter relatant dans son livre "Professional Fly Tying, Spinning and Tackle Making Manual and Manufacturers" une conversation qu'il avait eu avec le créateur de l'Adams), on voit la formule de montage ci-dessous.
Garce à ces deux descriptions, on a donc l'image exacte de ce qu'est l'Adams. Et cette "Adams originale", la seule Adams, en fait, est celle que Lapoisse à monté pour notre échange de mouche.
Les cerques sont simulées par deux barbes de tippet de faisan doré, l'abdomen est fait de laine grise. La colerette est un mélange de deux hackles de coqs, l'un grizzly, l'autre roux. Les ailes, montées en V, sont réalisées avec des pointes de hackles de coq grizzly, et sont situées devant la collerette. La tête est en soie de montage noire. Comme Lapoisse respecte parfaitement le montage originel, l'hameçon est ardilloné. Je sais aussi que sur ses mouches de pêche, Lapoisse n'utilise pas d'ardillon, par souci de préservation des poissons et de la ressources (pêche en graciation).
L'Adams - Les matériaux
Comme décrit dans le paragraphe précédant, les matériaux de montage sont donc les suivants:
- Soie de montage: Noire
- Cerques: 2 barbes de tippet de faisan doré
- Abdomen: Laine (yarn) grise
- Collerette: Un hackle de coq Rhode Island Red et un hackle de coq Barred Plymouth Rock
- Ailes: Pointes hackle de coq Barred Plymouth Rock
Ailes et collerette:
La collerette est réalisée avec un hackle issu d'un coq de la race Barred Plymouth Rock, et d'un autre issu de la race Rhode Island Red. Ces races de coqs correspondent donc à des coqs grizzly et brun/roux, respectivement, et pour reprendre notre nomenclature actuelle. Sur la photo ci-dessous, vous voyez des demi-cous grizzly et roux (gamme High and Dry de Whiting Farm).
Plus récemment sont apparus sur le marché des cous de coqs dits "cree" (ou "ginger grizzly"), ainsi que nous en parlait Flylutz. Ces plumes, présentant le pattern grizzly, mais en roux, sont également appelées les "One feather Adams". Pour vous dire si cette mouche est connue et renommée! En fait un seul de ces hackles "cree" est utilisé en lieu et place de deux hackles, l'un grizzly, et l'autre brun roux. Par contre, lors de l'utilisation d'un tel hackle, il faut garder à l'esprit que l'Adams étant une mouche fournie, il faudra faire le nombre de tours suffisant avec ce hackle, afin d'obtenir cet aspect bourru de la collerette.
Ci-dessous, demi cou de hackle "cree" de chez Whiting fam.
Personellement, je préfère utiliser deux hackles, l'un grizzly, et l'autre brun/roux, en lieu et place d'un seul hackle "cree". De plus, comme cette mouche est à décliner dans d'autre patterns de teintes, vous pourrez très bien utiliser un hackle grizzly, et l'autre olive, ou encore jaune ou noir. Ce ne seront plus des Adams, mais des modèles en découlant directement (variantes).
Pour les ailes, qui sont realisées avec un hackle de coq Barred Plymouth Rock, j'utilise des pointes de hackle de coq Indien grizzly. En effet, je trouve que ces plumes ont des barbes d'une très grande brillance, autrement plus brillantes que les barbes des plumes de coqs dits "génétiques" Américains (je parle de cette brillance dans cet article sur les "Cerques"). De plus, à force de séléction sur les critères "longueur" et "forme parallèle" de ces coqs génétiques, les pointes de leurs hackles sont très longues et très fines. Elles sont de ce fait - selon moi - moins adaptées à la réalisation d'ailes d'éphémères.
Photo ci-dessous: évolution des coqs sous l'effet des selections. On voit un allongement conséquent des hackles, avec pour consequence des hackles très longs, aux bords parallèles, s'achevant par une pointe très fine. A contrario, les hackles courts, présentent plutot en forme triangulaire des coqs "primitifs" que sont les coqs Indiens. Ces hackles sont parfaits pour réaliser des mouches ailées.
Donc, je trouve les cous de coqs Indiens mieux adaptés à la réalisation des ailes.
Cependant, pour remedier au problème des pointes trops longues et fines de ces hackles ganétiques, Flylutz nous livre une astuce: "Ailes: 1 plume grizzly Hoffman saddle que je prends pour les deux et que je bloque dans ma pince à hackle et brûle pour avoir un arrondi".
Très ingénieux!
Voila, ce que cela peut donner. Ci-dessous, de gauche à droite: ailes réalisées avec des pointes de hackles de coqs genetique (fines et très pointues), ailes réalisées avec des pointes de hackles de coq Indien (plus larges, moins pointues), ailes en saddles de coqs génétiques, brulées ensuite (assez larges, très arrondies).
Ma préférence va nettement à la méthode employée par Flylutz.
Cerques:
Sur l'Adams, les cerques sont réalisées grace à deux barbes de tippets de faisan doré. Sur des interprétations modernes (nous y reviendrons dans le chapitre suivant), les cerques sont faites d'un mélange de barbes des hackles de coqs utilisés pour faire la collerette. Ci-dessous: cerques de l'Adams réalisées avec des barbes de tippet de faisan doré (à gauche), et cerques d'une interprétation de l'Adams, faites avec des barbes de hackle de coq grizzly et brun/roux mélangées (à droite).
Cette interprétation va ajouter un coté dense, bourru, au montage, et en augmenter d'autant la flottabilité. Dailleurs, comme l'écrivaiit Denis06 "L'une de mes préférée et efficace". Je précise que Denis06 ne pêche qu'en torrents de montagnes.
Abdomen:
L'abdomen de l'Adams est réalisé abec un brin de laine (yarn) gris. Ce type de matériau n'est plus vraiment employé de nos jours pour réaliser des corps. On lui préfère généralement des "Dubbings", permettant de faire des mèches plus précises.
Dans de nombreuses interprétations modernes de l'Adams, le dubbing de rat musqué (muskrat - Ondatra zibethicus) est largement utilisé. Ainsi, dans leur livre “Trout flies for rivers”, les époux Morris montrent leur interprétation de l'Adams de L. Haladay:
Ils préconisent donc l'emploi de bourre de rat musqué (Pierrot à courru tout le Salon de Muret 2022 pour en trouver ), ou d'un dubbing synthétique.
Wapsi et Hareline sont deux marques (que j'aime beaucoup dailleurs) proposant des dubbings "superfine" en "gris Adams" Il est difficile de savoir s'il sagit de dubbing naturel de chameau teinté, ou de dubbing d'origine synthétique. Fly-rite, qui propose des dubbings constitués de polypropylène, polymère ayant une densité de 0,9 g/cm3, ce qui en fait un matériau moins dense que l’eau (d=1 g/cm3), propose également un dubbing "extra fine poly Adams gray". Sur la photo ci-dessous, je fais la comparaison de ces dubbings avec du dubbing naturel de rat musqué de chez Wapsi.
J'ai cité Wapsi, Hareline et Fly-rite, car ce sont des marques "primaires", qui proposent leurs propres produits. Vous en trouverez d'autre chez d'autres marques distributrices. Je pense à Dutch Fly design, par exemple.
Les teintes varient d'une marque à une autre, mais de toute façon, je pense que - sauf à retrouver un exemplaire d'Adams monté par L. Haladay lui-même -, nous n'aurons jamais la teinte originelle. Tout simplement car celle ci n'est pas précisée autement que par le terme "Gray wool yarn". Hors, il existe tellement de teintes différentes de gris...
De plus, si vous réalisez vous même votre propre dubbing à partir d'un échantillon de poils sur peau - ainsi que l'a fait Perrot pour l'échange de mouche concernant cette "Adams", et puisque nous observons une variabilité de teinte d'un individu à l'autre, les teintes de différents lots ne peuvent donc qu'être différentes.
Alors, dubbing naturel de rat musqué, ou dubbing superfine (qui peut être d'origine synthétique, ou naturel - dubbing de chameau teinté)? Quand on regarde le montage original fait d'un brin de laine (voir le chapitre précédant "l'Adams - l'histoire"), on voit nettement un corps cylindrique, assez fin, très "précis". Hors, le dubbing de rat musqué - tout au moins le dubbing Wapsi Natural Fur, ne permet pas d'obtenir une telle précision. De même, un dubbing "home made" fait par Pierrot ne permet pas non plus d'obtenir cette précision.
Sur le montage ci-dessous, vous voyez les corps des Adams de l'échange réalisés avec des dubbings différents. L'utilisation de dubbing naturel de rat musqué donne un aspect plus flou que l'utilisation de dubbings superfine, s'éloignant en cela d'un corps fait d'un brin de laine. Les différences restent cependant assez minimes, je vous l'accorde.
Voici donc, passés en revue, les prinipaux ingrédients de l'Adams, ainsi que leurs substituts possibles.
L'Adams - Les variantes
Tout comme pour nombre de modèles célèbres, l'Adams a été proposée en de très nombreuses variantes.
Variations relatives à la flottabilité: : Adams "Moderne", "Delaware" et "Irresistible"
La première variante, la plus connue et que je nommerai "Moderne", est celle décrite au chapitre précédant, à savoir:
- utilisation de dubbing gris en lieu et place de la laine afin de réaliser l'abdomen;
- utilisation d'un mélange de barbes de hackles grizzly et brun/roux pour simuler les cerques (à la place de deux barbes de tippet de faisan doré).
Quels sont les avantages de cette variation? Comme je vous le disais, l'Adams présente "naturellement" une grande flottabilité, et part son aspect "bourru" semble être plus destinée aux eaux rapide (même si C. Adams l'a testée initialement sur un plan d'eau). La collerette, réalisée avec deux hackles, en est responsable pour une grande partie. Cependant, comme je l'expliquais également dans l'article sur les Cerques, les barbes de tippet de faisan doré sont souples. Dans le tableau ci-dessous (extrait de cet article), j'ai classé la rigidité des barbes de tippet de faisan doré en "+"; et celle des barbes de coqs génétiques en "+++".
Hors, de part l'équilibre sur l'eau d'une telle mouche, des cerques souples vont assurer une moins bonne flottabilité que des cerques rigides. En effet, sous le poids (même si très faible) du montage, elles vont se courber, permettant ainsi au corps de se poser sur la surface. Si le corps est réalisé avec un matériaux hydrophile (la laine, par exemple, dont l'hydrophilie est associée à l'engagement de liaisons hydrogènes dites "faibles" avec les molécules d'eau), il va "s'imbiber", alterant en cela la flottabilité générale de la mouche. Et la mouche flottera plus bas sur l'eau, également.
Si, en plus de matériaux rigides pour les cerques, vous utilisez, en lieu et place de la laine, un dubbing hydrophoble (je pense au Fly-rite), par exemple, vous agirez ainsi positivement sur deux composantes de la flottabilité de votre montage: les cerques et le corps.
Le dubbing naturel, si non dégraissé, va présenter un double interet:
- La couleur dabord, et c'est pour cela que le dubbing naturel de rat musqué est utilisé. Sa couleur doit donc en effet être prôche de la laine utilisée par L. Haladay, lors de la création de son Adams;
- La structure du poil de Mammifère, qui présente une structure interne alvéolée. Chez cette espèce (rat musqué), l'Indice Medullaire est faible (0,45 - voir cet article sur les "Poils en flytying"), ce qui ne favorise pas sa flottabilité. Hors, cet indice concerne les poils de couverture, alors que c'est principalement la bourre qui est utilisée pour réaliser le dubbing. Cette bourre est très fine, ondulée. De plus, comme le rat musqué est une espèce dite "aquatique", elle est enduite d'un complexe protéo-lipidique qui va assurer un isolement parfait du corps de l'animal vis à vis de l'eau (rôle de protection therlique). Si vous obtenez le dubbing à partir d'une peau non (ou peu) traitée, vous aurez donc cette impermeabilité, qui assurera la parfaite flottaison de votre mouche.
Ci dessous (montage et photo de l'auteur): variante "moderne" d'Adams réalisée avec des cerques en barbes de hackles de coqs, et un corps réalisé en dubbing de rat musqué Wapsi Natural Fur.
L'utilisation d'un dubbing synthétique, et plus particulièrement du dubbing Fly-rite (fibres de polypropylene, qui a une densité inférieure à celle de l'eau), va également augmenter la flottabilité de cette variante. A vous de voir donc, matériau naturel, ou matériau artificiel. Ce choix est votre.
Ces variantes vont donc présenter une flottabilité accrue du modèle (en comparaison avec l'Adams), sans pour autant en modifier sa présentation sur l'eau. Nous restons sur un montage dédié aux eaux rapides, avec flottabilité, et visibilité (flottaison haute).
Une autre variante, l'Adams "Delaware", créee par Walt Dette,va apporter une flottabilité accrue, avec un montage se rapprochant d'un montage type "palmer".
Ci-dessous: montage et photo de l'auteur: Adams "delaware", sur hameçon en taille 16.
Dans cette variante, la flottablité est grabndement accrue par l'utilisation de barbes de coq pour simuler les cerques, et par l'abdomen cerclé par un hackle enroulé "façon palmer". J'ai monté ce modèle, même si je n'ai pas encore eu l'occasions de le tester. Il doit cependant présenter une flottaison très haute sur l'eau, augmentant par la même sa visibilité en eaux rapides.
Aussi interessante - selon moi - que cette dernière version, est la variante "Irresistible". Dans cette variante, reprenant les cerques en barbes de coqs, l'abdomen est réalisé grace à des poils de chevreuil taillés. Dans l'article sur les poils sus-cité, je montre que si les poils de Cervidés ne sont pas "creux" (comme on peut très souvent l'entendre dire dans le cadre de la pêche à la mouche), ils ont par contre une structure alvéolée. Si l'indice médulaire (IM) de ce poil est élévé, alors il présentera une excellente flottabilité. L'IM du chevreuil est de 0,85, ce qui est élévé. De plus, les touffes de ces poils se taillent très facilement (exelple du sedge Goddard). Je ne sais donc pas à qui revient la paternité d'une telle variante, mais ainsi montée, l'Adams "Irresistible" se comporte comme un petit bouchon.
Ci-dessous (montage et photo de l'auteur, sur hameçon en taille 18), l'Adams "irresistible", selon un montage de Davie McPhail.
Variations relatives à la flottaison: : Adams "Parachute", "Swedish", "Comparadum" et "Haystack"
Une autre variation, majeure, est la variante "Parachute". Ce type de montage est décliné afin d'apporter une flottaison plus basse sur l'eau, tout en conservant une flottabilité excellente. Ce pattern va complètement changer l'allure générale de la mouche. Si l'Adams "moderne", dans son montage avec cerques en coq et corps en dubbing, reste - selon moi - une mouche destinée aux eaux rapides, avec la variante "parachute", nous avons un modèle destiné à des eaux plus lentes, dans lesquelles le poisson à plus de temps pour observer l'imitation, donc sera plus difficile. On s'interesse également à un autre stade du developpement de l'insecte imité, même si l'Adams et ses variantes sont plus des mouches d'ensemble.
Ci-dessous: Adams "parachute", telle que proposée par le site 1000 mouches.Ou encore, une Adams "parachute" avec un corps en quill (le parachute assurant la flottabilité, on peut se permettre un abdomen moins flottant), telle que présentée par Charlie Craven.
Si la version proposée par 1000 mouches reste bien dans "l'esprit" Adams, avec cette deuxième variante d'Adams "parachute" par contre, on s'en eloigne franchement, le seul point commun étant le pattern de couleurs. Y-a t'il un réel interet à modifier à ce point le pattern (abdomen totalement différent, cerques différentes, ailes/collerete differentes)? J'ai mon idée, mais ne souhaite me prononcer à ce sujet...
Dans l'esprit de la variante "parachute" présentant une flottabilité toujours importante, mais une flottaison plus basse sur l'eau, le montage inversé Adams "Swedish" de Nick Ericksson et Gunmar Johnson, telle que présentée dans le livre Mouches de pêche de D. Ducloux et N. Ragonneau, est très interessant
Par expérience, ce type de montage inversé est un peu plus délicat à réaliser, cependant. Si je pêche avec la variante "Irresistible", je ne pêche pas avec cette variante "Swedish".
Ces deux variantes principales "Swedish" et "parachute" vont donc présenter une flottaison plus basse sur l'eau, tout en conservant une bonne flottabilité.
Une autre variante, la version "Comparadum", va apporter une flottaison encore plus basse sur l'eau, tout en ayant une grande flottabilité. La flottabilité est assurée par les cerques en barbes de hackles de coq, un abdomen en dubbing (hydrofuge), et une aile réalisée en poils fins de Cervidés, ayant donc un IM élévé. Le type de montage (comparadum) va par contre apporter une flottaison très basse sur l'eau, encore plus basse que pour les deux variantes précédantes. Ci-dessous, l'Adams "Comparadum" en version "femelle" par Davie McPhail.
Sur cette version, il y a un tag à la base de la queue, ce qui fait qu'elle est nommée "femelle". J'y reviendrai plus tard.
Dans le même esprit, il existe la variante "Haystack" (dans le montage de Davie McPhail), qui n'est ni plus ni moins que la variante "comparadum" ailée,se rapprochant donc un peu plus du modèle Adams.
Je considère les variantes "haystack" et "comparadum" comme ensentiellement similiares.
Variations relatives au stade physiologique de l'insecte: : Adams "moderne Femelle" versus Adams "moderne mâle"
Ainsi que nous avons pu le voir, la variante "comparadum" de D. McPhail est en version "femelle" . Pourquoi femelle? Parcequ'un tag, jaune ou vert, à la base des cerques, va imiter les oeufs que les célèbres "cul-verts" femelles vont déposer à la surface de l'eau. Les cul-verts sont en effet des Trichoptères du genre Brachycentrus, dont la ponte est de couleur verte. Hors, si vous reprenez le début de cet article, l'Adams se veut imiter des éphémères, mais également des sedges. Les femelles pondantes des Trichoptères du genre Brachycentrus représentant une source protéo-lipidiques très intéressantes pour les poissons, elles sont donc très recherchées par les poissons gobeurs. Nous avons vu cette version "femelle" sur une variante "comparadum", mais elle peut également être realisée sur une variante "moderne", ou même sur toute autre variante. Elle sera plus délicate à réaliser sur une version "irresistible", cependant.
Ci-dessous (montages et photos de l'auteur) Adams variante "moderne mâle" versus variante "moderne femelle".
Sur le modèle "femelle" à droite, le tag vert est parfaitement visible. Les fiches de montage de ces deux variantes sont disponibles dans ce document.
Variations relatives à l'ésthétique du modèle: Adams "fanwinged"
Une variante de l'Adams, plus esthétique, plus imitative, est la "Fanwinged", dont le montage est décrit dans cette video de D. McPhail. Visiblement ce modèle est sensé imiter une Mouche de Mai, ce qui est corroboré par le montage sur un hameçon en taille 10. Avec cette Adams "fanwinged", nous quittons le registre des mouches d'ensemble. Et je pense qu'une telle variante ne conserve le nom de Adams, que de part les couleurs employées, à savoir roux et grizzly (blanc et noir).
Les cerques sont unmélange de barbes de hackle de coq grizzly et de barbes de rectrice de faisan, apportant une souplesse intermédiaire. Le corps est réalisé en dubbing de taupe (très fin, soyeux, mais peu hydrophobe), cerclé avec un quill jaune. La collerette est semblable à celle de l'Adams. On a donc avec cette variante un pattern intermédiaire entre une Adams, et une imitation pls spécifique d'éphémère, telle que la Mouche de Mai, par exemple.
Il existe d'autres variantes Adams. Et l'on peut presque dire que chaque monteur à mis au point sa propre variante.
Interets de ces variations:
Cette notion de variation d'un modèle originel date de bien avant le début du XXième siecle. En effet, dans le cas de la Parson, une mouche Victorienne, le modèle original date de la seconde moitié du XIXième siecle. Et la Parson a été revisitée par nombre de monteurs, pour donner un ensemble de mouches similaires (des "variantes" du model original). Ces variantesde la Parson sont visibles sur ce blog.
Ces variantes que l'on trouve facilement pour l'Adams, sont donc le reflet de deux approches bien distinctes:
- L'adaptation du modèle princeps à des conditions particulières;
- La vision du modèle qu'en a le monteur.
Je vous propose donc ce petit tableau récapitulatif, synthétisant les variations observées, ainsi que leurs objectifs/conséquences.
Les montages des Membres de Éclosion
Pour clore cet article, et dans le cadre de notre échange de mouches 01-3/2022, ayant pour objet l'Adams, voiçi ce que les participants à cet échange ont donc réalisé. De superbes mouches de pêches, des montages magnifiques. Je vous laisse admirer.
ERIC06
- Hameçon: Tiemco 100BL taille 16
- Soie de montage: Uni thread noir 8/0
- Cerques: barbes hackle de coq sandy dun de Metz
- Abdomen: dubbing Fly-rite extra fine poly olive-rouille
- Ailes: hackle de coq indien, silver badger
- Collerette: hackle de coq sandy dun de Metz
TONIO
- Hameçon: droit, taille 16
- Soie de montage: Uni thread noir 8/0
- Cerques: barbes de coq du Limousin
- Abdomen: dubbing de rat musqué distribué par Dutch Fly Design
- Ailes: hackle de coq grizzly
- Collerette: Hackle de coq grizzly et hackle roux clair
FLYLUTZ (version "femelle")
- Hameçon: kamazan B 401 t 16
- Soie de montage: Uni thread noir 8/0
- Cerques: barbes de coq indien cree
- Tag; dubbing de lapin jaune pour les œufs
- Abdomen: dubbing de lapin gris pour le reste
- Ailes: 1 plumes grizzly Hoffman saddle que je prends pour les deux et que je bloque dans ma pince à hackle et brûle pour avoir un arrondi
- Collerette: Hackle Whiting cape cree
PIERROTLEPECHEUR
- Hameçon: droit, taille 16 hampe longue
- Soie de montage: Sheer noir noir 14/0
- Cerques: barbes de hackle de coq roux furnace
- Abdomen: dubbing de rat musqué
- Ailes: 2 pointes de hackles de coq grizzly-chinchilla
- Collerette: hackle de coq roux furnace et gris clair mélangés
BLAJOUX
- Hameçon: Caleri c421 (ou c423), taille 16
- Soie de montage: Uni thread noir 8/0
- Cerques: barbes de coq Keough roux
- Abdomen: dubbing fly-rite extra fine poly adams grey
- Ailes: hackle de coq grizzly Chinoix
- Collerette: Hackle de coq grizzly Metz et hackle roux KEOUGH
CASA (version "femelle")
- Hameçon: Dohiku 301 en taille 16
- Soie de montage: Sheer noire, 14/0
- Cerques: barbes de coq génétique Americain (Whiting farm) grizzly et roux
- Tag; Hends body material chartreux
- Abdomen: dubbing Hareline superfine gris
- Ailes: 1 plumes grizzly de coq Indien
- Collerette: Hackle Whiting farm grizzly et roux
CHRISDECOCAGNE
- Hameçon: BR103 en taille 16
- Soie de montage: Noire, 8/0
- Cerques: barbes de coq grizzly
- Abdomen: Dubbing Dry Fly dubb Adams grey
- Ailes: 1 plumes grizzly de coq Indien
- Collerette: Hackle grizzly roux
LAPOISSE (la seule véritable Adams de cet échange de mouches)
- Hameçon: Droit en taille 16
- Soie de montage: Noire, 8/0
- Cerques: deux barbes de plume de cou de faisan doré
- Abdomen: laine grise
- Ailes: 1 plumes grizzly de coq Indien
- Collerette: Une plume de cou de coq brun et une plume de cou de coq grizzly
Que pouvons nous retenir de cet échange de mouches 02-02/2à22 sur un modèle imposé? D'abord, il n'y a que des beaux montages. Et je tiens à le souligner, car l'Adams n'est pas une mouche simple à réaliser, si l'on veut en conserver l'équilibre. A fortiori sur un hameçon en taille 16.
Ensuite, c'est que chaque monteur nous propose son interprétation personnelle, avec les matériaux dont il dispose. Et cela, je trouve qu'il n'y a pas de meilleure méthode pour progresser en flytying. Regarder, analyser, apprendre.
Un réel succés, pour une superbe mouche en version variante. Merci à tous les monteurs, un grand Bravo à vous tous!
Et peut-être comprendrez vous mieux maintenant, pourquoi l'Adams est considéré comme étant une mouche de légende, au même titre qu'une peute, ou une A4.
Génial cet article, merci à Casa.
Je n’ai pas compris la méthode employée par Flylutz pour figurer l’aile :
“Ailes: 1 plumes grizzly Hoffman saddle que je prends pour les deux et que je bloque dans ma pince à hackle et brûle pour avoir un arrondi”
Il n’y aurait dond qu’une, centrée ?
Merci pour la réponse
Et non, Fanch56, les Adams de Flylutz ont bien deux ailes. En fait il prend un saddle, en coupe un premier morceau auquel il va donner une forme avec la pince qu’il utilise comme un brule-aile. Il va couper un deuxième morceau du saddle, qu’il va également shaper de la même manière.
Ainsi il va avoir 2 morceaux de saddle identiques, dont les pointes seront arrondies grace au brûle-aile.
Est-ce plus clair? J’ai trouvé cette approche hyper intéressante, et j’en ferai un petit tutoriel
OK, Casa, merci. La formule est effectivement autant intéressante techniquement qu’économique. J’essaie bientôt?
L’1 de mes préférée et efficace,surtout montée en parachute…