6 / Littérature Livres autobiographiques

ORNAIN, magie d’une rivière

AUTEUR : Christian HAGER

LANGUE : français

EDITEUR : par l'auteur

DATE DE PARUTION : 2009, réédité en 2015

CODE ISBN : 9782953501056

PRIX INDICATIF : 10 €

 


RÉSUMÉ :

L'Ornain est une rivière Meusienne d'une centaine de kilomètres, sur les berges de laquelle l'auteur a passé, enfant, toutes ses vacances et chacun de ses instants de liberté.

Ce fut, nous raconte-t'il tout au long de cet ouvrage, une enfance riche en émotions liées à la découverte et à l'apprentissage de la pêche, dans les années 1960.

 


AVIS, CRITIQUE : 

D'une centaine de pages, ce petit livre sans prétention fait partie des ouvrages que j'adore par son caractère "intimiste".

L'auteur nous délivre ses émotions d'enfant par les récits de ses premiers émois halieutiques.

De la pêche à la grenouille, en passant par la traque des gros chevesnes et des tanches dodues, et par la révélation que fut la prise de sa première truite, nous ne pouvons que nous reconnaitre dans ces lignes écrites simplement, mais tellement vraies.

 


NOTE : très bien

2 réponses à “ORNAIN, magie d’une rivière

  1. Petit clin d’oeil à Pierrot le pêcheur avec cet extrait de ” la Moucheuse” :
    Chapitre 17
    Il ne faut jamais dire : fontaine, je ne boirai pas de ton eau. Car s’il y avait un pêcheur qu’on ne risquait pas d’apercevoir avec un fouet à mouche au bord de l’Ornain, c’était bien Pierrot Chatouille. La pêche à la mouche ne l’intéressait pas. Il la considérait comme une pêche de snobinards. Et puis Pierrot Chatouille n’était pas dupe et il savait que l’engouement de certains pour la pêche à la mouche, était surtout lié à la présence de la belle américaine.
    « À croire qu’ils n’ont jamais rencontré une belle nana de leur vie. Ce sont des pignoufs. Il n’y en a pas un pour relever l’autre. Et le plus atteint, c’est Ursule Filoche. Il raconte partout qu’il pratique le no-kill, mais pas une seule fois, je l’ai vu remettre un poisson à l’eau et surtout pas la truite arc-en-ciel de 58 cm qu’il a attrapée à l’ouverture. Et celui qui n’est pas mal non plus dans son genre, c’est Arnaud Godille, depuis que la pimprenelle lui a montré comment pêcher à la mouche, il vit dans le royaume de Mickey Mouse avec la fée Clochette et il n’a plus à la bouche que des « Mademoiselle Jessie par ci, Mademoiselle Jessie par-là. »
    Pierrot Chatouille ne pratiquerait jamais le no-kill et il ne remettrait pas un poisson qui avait la taille à l’eau. C’était contraire à ses principes et à sa philosophie de la pêche et tant pis pour les neuneus à moitié écologistes que ça dérangeait.
    Depuis le début de l’après-midi, Pierrot Chatouille était à la pêche avec son chien Carpo. Il s’était tendu avec une ligne à truite dans le trou du Bébert. Il pêchait avec deux vairons. Pour l’instant, il n’avait pas eu de touche, mais ce qui comptait pour lui, c’est que son après-midi soit la plus agréable possible. Pierrot Chatouille aimait ces moments de solitude. Il respirait la nature. Il la vivait et l’appréciait comme nul autre. Il était allongé sur l’herbe et il observait les nuages. Il parlait aussi à Carpo, un chien intelligent qui l’écoutait et qui semblait le comprendre. Soudain Carpo se mit à aboyer. C’était un chien pêcheur qui aboyait à chaque fois qu’un poisson mordait.
    « Bon sang, j’ai un départ, merci Carpo ! s’exclama Pierrot Chatouille. »
    Pierrot Chatouille prit la canne, laissa filer la ligne pendant deux ou trois secondes et ferra :
    « C’est une truite et une belle. J’ai intérêt à la travailler si je ne veux pas casser, car je suis monté sur du 16 %. »
    Carpo était redevenu silencieux. Il ne quittait plus la ligne de son maître des yeux et il observait le combat et les soubresauts de la truite : « C’est Brigitte qui va être contente. Et ça tombe bien, car dans 15 jours, c’est la fête du village. Cette année, il y aura de la truite saumonée au menu. »
    La truite commença à fatiguer. Pierrot Chatouille décida de la ramener sur la berge. À cet instant, Carpo aboya de nouveau :
    « Mais arrête ton cirque Carpo ! Tu vois bien que je la ramène. »
    Mais Carpo ne se calmait pas et aboyait de plus bel :
    « Qu’est-ce qui t’arrive chien ? »
    Pierrot Chatouille comprit qu’il avait sans doute de la visite. Il jeta un coup d’oeil derrière lui et aperçut une jeune femme avec une canne à mouche. Il devina tout de suite qu’il s’agissait de la fameuse Jessie Pacci :
    « Bonjour Monsieur, vous en tenez une belle.
    — Bonjour Mademoiselle, oui, c’est une belle, mais je ne l’ai pas encore. Je pêche sur du 16 % et il ne faut pas qu’elle m’entraîne dans les herbes. »
    Pierrot Chatouille essayait de ramener la truite, mais ce n’était déjà plus le même homme. La vue de Jessie Pacci l’avait complètement chamboulé. C’était la première fois, qu’il voyait la jeune femme, mais l’effet avait été immédiat.
    « Bon sang de bon sang ! Mais c’est quoi de cette créature de rêve ? D’où ça sort une nana pareille ? C’est le haut de gamme du mannequinat et ce n’est pas possible qu’une telle fille puisse aller à la pêche. Interdit de rêver Pierrot, il y a la caméra invisible quelque part et on est en train de te filmer. »
    Pierrot Chatouille se retourna à nouveau pour s’assurer qu’il n’avait pas une hallucination. Mais la jeune femme était tout ce qu’il y a de plus réel.
    « Ce n’est pas croyable une blonde avec des yeux verts pareils ! Et la paire d’obus qu’elle se trimballe ! Ce n’est pas du toc son artillerie de campagne ! Ça vous ficherait le feu dans les neurones ce genre de nana ! Attention au court-circuit ! »
    Pierrot Chatouille se demanda même s’il n’était pas en présence d’une fille de l’eau ou d’une sorte de Vouivre à la Marcel Aymé. Il fut obligé de reconnaître que cette jeune femme existait bel et bien. Il s’entendit dire :
    « L’important Mademoiselle, c’est de ne pas blesser la truite et de la ramener le plus doucement possible.
    — Parce que vous pratiquez le no-kill, Monsieur ?
    — Pas exactement Mademoiselle, je garde quelques truites au début de la saison et ensuite je relâche systématiquement mes prises.
    — C’est bien Monsieur. Est-ce que je peux vous aider ?
    — Si vous pouviez épuiser la truite et la décrocher, ça m’arrangerait. »
    Méconnaissable l’ami Pierrot Chatouille, n’est-ce pas ? Il y a une heure à peine, il ne voulait pas entendre parler de no-kill et maintenant, c’est tout le contraire. Lui-même ne comprend pas. Il a une succession de gloups qui lui restent coincés au travers de la gorge et qu’il ne parvient pas à déglutir. Le voilà devenu un chevalier blanc de la pêche par la seule apparition de Jessie Pacci. C’est miraculeux, n’est-ce pas ? Il y a décidément sur terre, des femmes qui possèdent d’étranges et d’étonnants pouvoirs. Pierrot Chatouille a oublié sa femme Brigitte et la seule certitude qu’il a, c’est qu’il n’y aura pas de truite saumonée au menu de la fête du village dans 15 jours.
    « Voilà Monsieur, c’est fait. Votre truite mesure 53 cm. Vous voulez peut-être que je vous prenne en photo avant de la relâcher ?
    — Avec plaisir Mademoiselle. Attendez ! Je cherche mon téléphone portable. »
    Pierrot Chatouille pensa que c’était aussi l’occasion de faire un selfie avec la truite, Carpo et la belle Jessie Pacci. Il demanda à la jeune femme si elle était d’accord pour poser et celle-ci accepta. Pierrot Chatouille ne pouvait pas s’empêcher de penser à la tête d’apothicaire que ferait Ursule Filoche et beaucoup d’autres lorsqu’ils verraient la photographie. Il en riait d’avance. Et quand la belle américaine lui demanda s’il pêchait à la mouche, Pierrot Chatouille s’entendit dire :
    « Pas encore Mademoiselle, mais je vais m’y mettre sous peu. J’hésite pour commander le matériel, car j’ai peur de me tromper. Peut-être pourriez-vous me conseiller ?
    — Sans problème Monsieur.
    — Pierrot, Mademoiselle, vous pouvez m’appeler Pierrot. Entre pêcheurs à la mouche, on peut s’appeler par nos prénoms, n’est-ce pas ? »

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