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Mon ouverture 2023

Mon ouverture 2023…

Alors, pas de mouchetée, ou d’étendard, non, dans ma région, les grands blancs sont légion ainsi que les lingots d’or. En regard de la morphologie des cours d’eau, il ne faut pas espérer de rivières de première catégorie, non. Ce sont plutôt des cours d’eau lents (sauf l’endroit ou j’ai fais mon ouverture), larges, aux eaux turbides, peuplées des grands blancs, de silures, ragondins et jussies

Photo ci-dessous: la bordure de mon ouverture 2023

 

Mon ouverture 2023 peche à la mouche flyfishing chubb chevene chevesne dry fly fly tyin eclosion

 

Il y a cependant un spot de pêche, que je trouve particulièrement joli, et qui se prêtre parfaitement à la pratique de la pêche à la mouche. Sur ce spot, j’y ai fait des journées incroyables à plus de 50 prises, il y a 5-6 ans de cela. Chevesnes, ides, brèmes (en NAV c’est pas mal, même si ce poisson a une défense digne d’un sac plastique), aspes, carpes. Mais c’était il y a quelques années…..

Rive droite, une rive haute, environ 1,5 m de hauteur, plutôt sableuse, donnant sur un champ agricole ou je n’y ai jamais vu autre chose, depuis que je me suis installé dans cette région en 2010, que du maïs. L’agriculteur, un pro du glyphosate, traite généreusement avant de semer, afin d’ôter toute mauvaise herbe qui viendrait à gêner la pousse de son cher maïs. Un simple passage avec un soc à 5 cm de profondeur suffirait, mais quitte à passer en tracteur, vaut mieux épandre. Ca fait vivre le petit commerce de l’agro-chimie !

Alors, quand suite à cet épandage, une grosse crue printanière lave tout, alors tous ces joyeux intrans chimiques se retrouvent allègrement dans la rivière, …youpiiiiie, et il y a trois ans, cela s’est passé. Dans ma région, nous avons assisté à une surmortalité piscicole incroyable…attribuée à un « défaut d’oxygène »…le croit qui veut…. Mes croyances sont autres.

 

 

La riive gauche, qui est en pente douce sur la partie amont, donne sur un champ  ou un troupeau de bovin réside. Le taureau n’est pas commode, d’ailleurs ! Version aval, un gros talus, de 2 mêtres de hauteur environ.

Pour respecter les normes, une bande de trois mètres longeant la rive droite n’est pas utilisée par l’agriculteur adepte du glyphosate. Royaume des très hautes orties, liées de toiles d’araignées par-dessus lesquelles évoluent les nombreuses demoiselles….

Depuis trois ans, j’ai vu la qualité piscicole de ce spot se dégrader. Zone de fraye des chevesnes, brèmes et carpes, on y voyait, à partir du mois d’Avril des quantités incroyables de très gros chevesnes remontant pour la fraye. Corolaire, les silures suivent, car ensuite, ce sont les brèmes et les carpes qui frayent. Et dans tout cela, les silures trouvent largement de quoi manger….avant que d’y frayer eux même, et de voir leurs oeufs dévorés par les chevesnes….Juste retour des choses !

 

 

Ce spot, initialement peu connu, s’est transmis de bouches à oreilles dans le petit monde palmiste du 49. De nombreux palmistes sont donc venus, à partir du mois d’Avril, quand les chevesnes s’installent pour la fraye. Piétinement joyeux et répétés des frayères, conjugués aux pécheurs de silures venant pécher des chevesnes à utiliser comme vifs pour le silure (un comble : on prélève une espèce locale en cours de reproduction – le chevesne – , pour prendre et remettre à l’eau une espèce invasive : le silure)… Vive le marketing et la recherche de poissons trophés a poster ensuite sur Insta, Gacebook, ou autre résaeu pitoyable…certains n’ont le sentiment d’exister que par ces interfaces..pauvres hères…

Nous marchons sur la tête…

Ensuite cet épisode de crue dont je parlais plus haut à entrainé une surmortalité considérable dans tout le bassin hydrologique de la Loire. Le fait est que depuis quatre ans, la qualité de ce spot a diminué de manière drastique. Les traces de pas dans les forêts d’orties bordant la rivière y étaient devenues – ces trois dernières années,  des autoroutes, dont la taille était inversement proportionnelle à la quantité de poissons sur site…

 

 

Sachant que ce spot – environ 400 mètres linéaires, bordé par un barrage en amont, et par la confluence avec la rivière Sarthe en aval, fait partie des trois spots vraiment intéressants pour la pèche à la mouche dans mon département.

Le deuxième, magnifique, avec une eau vraiment tress limpide (filtrée sur sable), regorgeait de chevesnes, barbeaux, carpes,  perches et silures (un des rares endroit pu j’ai pu les tenter a vue  a été littéralement tué par trois mises à sec totales lors des trois derniers étés caniculaires.Il s’agit du Louet, une dérivation de la Loire : des poissons la recolonisent donc car a nouveau en eau dès que la Loire remonte, mais toute la microfaune aquatique a été totalement détruite, ce qui fait qu’ils n’y trouvent que très peu à manger.

Quant au troisième, et bien vous ne m’en voudrez pas, mais je le garde pour moi. Il est très sauvage, et la pêche du chevesne y est vraiment une traque: j’adore Il y a aussi de très gros aspes, mais retors…

Cette année, je n’avais pas encore été pêché. Mauvaises conditions hydrologiques, travail passionnant mais très prenant, a cela s’ajoute l’envie de rester avec ma famille et de me reposer le week end, au lieu  d’aller en vain au bord de l’eau.

 

 

Et puis, après quelques pluies ayant fait remonter les niveaux, une période plus sèche s’est installée, avec un vent orienté nord. Cela m’a quand même « titillé », et le lundi de Pentecôte, j’ai enfin décidé d’aller faire mon ouverture 2023.

Beau temps, les niveaux étaient à la hauteur parfaite, toujours ce maudit vent du Nord (mais un peu moins fort que les jours précédant). Bref, je me décide à aller pêcher!

Ou aller ? Je me dis que je tenterais bien ce spot à chevesnes bordé d’ortie. La fraye est passée, les alevins ont éclos. Les conditions hydrologiques et météorologiques sont bonnes (en dehors du vent, plus faible cependant). Je mets mon matériel dans la voiture. Il est 11heures, je file avec mon fils qui avait prévu de pêcher en spinning.

 

 

Je me gare sous les platanes du camping municipal, sur la partie aval. Je m’équipe et je me rends au bord de la rivière que je prévois de remonter rive droite – dans les orties, car au niveau de la confluence, la rive gauche est impénétrable : orties, datura, ronces…un cimetière à waders.

Je suis sur site, je suis heureux !!! Je ramasse mes trois asperges, comme chaque année. Quelques pieds poussent sur les bords de la Sarthe, je connais les emplacements.

L’eau est assez claire (tout étant relatif, hein, nous sommes dans le Maine et Loire) et je vois une chasse d’aspe, autre espèce invasive. Ceux la (il y en a deux) doivent être de belle taille. Plus tard j’en verrai un, qui devait approcher les 80cm….

 

 

Première surprise, il n’y a pas d’autoroute dans les orties. Juste le passage d’une ou deux personnes sur un des deux ou trois endroits permettant de se mettre à l’eau. Tiens, intéressant :  peu de pêcheurs sont venus ces dernières semaines !!!! Spot déserté, au moins de ses pêcheurs, mais à ce moment la, je me dis que cela n’est que la conséquence d’une désertion de l’endroit par les poissons… Assez pessimiste j’étais alors….

Mon intérêt commence cependant à grandir cependant quand je me poste, au milieu de la rivière. Face à moi, rive gauche, cette bordure que j’affectionne particulièrement. Dans les zones shallow, zones à herbiers, de nombreux alevins. Les aspes chassent toujours en aval….

La pêche est içi un peu particulière, tout au moins la façon dont je la pratique. Globalement, j’ai deux modèles  de mouches dans mon chest-pack. Un gros scarabé en taille 8, une nymphe Pébéo orange vif, taille 14-10. Il y a des fosses où se tiennent les barbeaux, mes fameux « lingots d’or », et il faut vraiment aller au fond.

 

 

Sur cette bordure, la ripisylve est peu dense, des hautes herbes, juste un ou deux frênes un peu plus haut sur le talus la surplombant. Une fois la fraye achevée, il peut s’y tenir de très gros chevesnes. beaucoup restant sur place alors que d’autres dévalent. Le scarabé doit tomber à 5 cm de la bordure, creuse sour la berge, car le courant principal y passe.

Si vous placez votre scarabé plus loin, il ne sera pas pris. Il faut donc parfaitement maitriser la distance, et avec ma 10’’ #6, je maitrise à  peu près. Bas de ligne en 16/100, on ne sait jamais ce qui va prendre la mouche, içi.

Après quelques passages, une première prise, rageuse. Scarabé pris sur un réflexe d’agressivité. Le poisson est magnifique, très combatifs ainsi que peuvent l’être les individus en pleine santé, dans un courant assez puissant. Il fait plus de 50 cm, mordoré plein de vigueur. Il se rend au bout de quelques minutes dans l’épuisette. Une photo sans le sortir de l’eau et il repart aussitôt. Mes hameçon sont barbless. Chouette, je ne serai pas « bredouille ».

Mais souvent, sur ce spot, depuis ces dernières années, une prise et puis plus rien. Il me faut donc confirmer, ce qui sera fait quelques minutes plus tard.

Je relance quelques fois, parfais mes dérives…Prise !! Cette fois ci sur un gobage délicat, le poisson ayant pris le scarabée vers l’aval, de manière délicate, reflétant une prise de nourriture et non plus une simple attaque d’agressivité.

Parfois, il faut même passer sur de très petites mouches pour les décider un poisson a prendre. Trois comportements différents, pouvant avoir lieu au même endroit, au même moment. Une question à méditer : pourquoi…

Mais la, je suis aux anges !

Et je continue a pécher ainsi. Et je vais y enchainer prise sur prises. Tous les poissons sont gros, magnifiques de couleur et de combativité, certains dépassant les 60 cm…

 

 

Ces dernières années, en début de saison, il m’est souvent arrivé de prendre des poissons ternes, visiblement en mauvais état, de très nombreux parasites y ayant laissé leurs marques sanguinolentes.

Non, ce jour de la Pentecôte, tous les poissons, des chevesnes, sont parfaitement sains, très vigoureux, magnifiques.  Et leurs combats sont à la hauteur de ces magnifiques poissons.

Mon bras est douloureux, j’en suis à 10, peut-être quinze poissons….Je retrouve mon spots d’il y a 5-6 ans, vide de tout pêcheur hormis moi-même, des eaux aussi claires que possibles, des poissons présents, en plein santé. Les prises se font alternativement sur réflexe d’agressivité, et sur prise alimentaire. C’est cool.

Je suis toujours sur la même bordure, elle fait 25-30 mètres de long. C’est la partie sous les arbres que vous voyez sur la photo ci-dessous

 

 

Et puis, dans le courant, juste devant moi, des éclairs dorés passent. Les barbeaux sont là.

 

 

Je me dis qu’il est temps de changer de pêche, le courant est puissant, mais la profondeur assez faible, environ 70 cm. Je monte une nymphe Pébéo en taille 14, et je passe en NAF sous la canne. Troisième passage, arrêt. Je ferre, le fond bouge, le est poisson est au bout de ma pointe. Il aura une belle défense avant de se décoller du fond, et de venir à l’épuisette. Un 60 up d’or et de muscle, un poisson magnifique ! Et celui-là a bien pris la nymphe (il arrive qu’ils soient pris par la nageoire). Mon sourire ne peut s’effacer de mon visage. Quelques passages supplémentaires en nymphes, mais les éclairs ne sont plus la, ils ont dû remonter dans la fosse à 15 mètres en amont.

 

 

Je repasse sur gros scarabé. Et je reprends un chevesne, sans bouger de place. Et quand il arrive à l’épuisette, il est suivi par un silure, pas bien gros mais quand même….

Et je continue à en prendre, toujours sur le même linaire d’environ 30 mètres de long…. Une densité de gros chevesnes incroyable.

Pour chaque poisson, je prends une photo, une seule. Seul le lingot d’or aura droit à deux prises. Je trouve ce poisson tellement magnifique. Je comptes le photos…21 poissons. Le lingot d’or a eu droit à deux photos, lui !

 

 

21 poisson pris en trois heures de pêche. Mon spot est magique, je le retrouve tel qu’il était encore il y a déjà trop longtemps. J’ai mal au bras, mais le sourire jusqu’aux oreilles. Je decide de changer de lieux, je remonte un peu, quelques dizaines de mètres, pas plus. Mais la physionomie a changée avec les dernière crues.  Je pèche encore un peu, mais en vain cette fois.

IL me faudra faire des reconnaissances visuelles pour voir ou se tiennent les poissons. La rivière, d’une quinzaine de mètres de large, est couverte de renoncules d’eau. C’est beau, mais Je sais que les silures s’y tiennent. Je suis fatigué, je rentre à la voiture.

 

 

Une fois changé, je me rends sur le pont, situé juste sous le barrage. Les 50 metres en aval sont en réserve (ce qui n’était pas le cas il y à 7-8 ans – exception régionale à la legislation nationale). Je regarde, j’observe….brème et carpes sont bien présentes. Certaines carpes sont énormes, des poissons de plus de 20kg à vue de nez. La fraye est la, elle  va commencer.

Et puis de sous un amas de renoncule, je vois un monstre sortir. Un silure. Celui la fait bien 2,5 mètres. Mon fils qui est avec moi (il a pêché en spinning bien en aval) le confirme. Tous ce « petit » monde dégage à tire nageoire, sauf les plus grosses carpes. Même les plus grosses brèmes s’éloignent de ce paquebot.

Nous en voyons un, mais nous savons qu’il y en a d’autre (il m’est arrivé d’en voir 18 sur ce linéaire de 400 metres environ, à la même époque), mais c’est le plus gros que j’ai vu à ce jour. Nonobstant la réserve, il aurait été « attaquable » à vue. Mais avec la canne soie de #12 et le moulinet  Orvis Mirage V, un monstre de puissance. L’ensemble est chez moi.

Je sais que bientôt les silures vont entrer en fraye, et que  les poissons blancs seront la pour dévorer leurs œufs. Juste retour des choses…. Un cercle naturel…

Mais “taper” dans un gros silure alors que vous traversez un amas de renoncule n’est jamais une sensation très agréable, croyez moi….

 

Mon ouverture 2023 peche à la mouche flyfishing chubb chevene chevesne dry fly fly tyin eclosion

 

Mon fils et moi reprenons le chemin de la maison.

Mon ouverture 2023?

Elle a été magique !!!!

3 réponses à “Mon ouverture 2023

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