Non, pas ma première truite, ni ma première sortie de pêche…Mais ma première truite à la mouche plutôt…
Avril 2015, je rejoins un ami dans le Lot et Garonne, une semaine de pêche prévue. Je sors d’une période de travail infernale, des deadlines impératives et si (trop) courtes, un travail monstre, des enjeux importants. Je soumets mon dossier le vendredi, le samedi matin à trois heures je prends la route.
Le « plan » était de pêcher aux leurres, car à ce moment-là, je ne connaissais pas encore la pêche à la mouche. Ou plutôt si, je m’y étais mis un peu, adolescent, mais d’autres centres d’intérêt bien plus « attrayants » avaient vite pris le pas sur la pêche…
Depuis, si je m’étais remis à la pêche, vers 35 ans, c’était uniquement aux leurres, d’abord en mer (j’habitais alors sur la Côte d’Azur), avant de reprendre un peu mes premières amours en rivière…
J’arrive chez mon copain, près de Castres, vers 12heures, ayant fait un crochet par Pau pour laisser mes enfants chez mes parents pour les vacances scolaires. Retrouvailles, déjeuner rapide et nous voila partis pêcher sur une rivière très belle, très sauvage, perdue dans une lande qui était restée aux fin fonds de l’ hiver……Eaux brunes glaciales, me rappelant furieusement les rivières des Highlands, une lande marron, humide, froide, d’où je m’attendais à tout moment à voir surgir un ours des cavernes ou un tigre à dents de sabre…un endroit reculé, hors du temps, magique mais aussi un peu troublant de par son caractère si sauvage…
Sur le retour - à pied - vers la voiture, un accident me fait atterrir directement aux urgences de l’hôpital de Castres.
Le lendemain matin, mon ami vient me voir. Je pourrai sortir le soir…alors, il m’a amené de quoi m’occuper en attendant…il m’a amené son matériel pour monter des mouches. Franche rigolade avec l’interne du service, une brune magnifique, avec un sourire dont je me souviens encore, jolie comme un cœur, une gentillesse rare…
Une première pour moi, monter des mouches..., qui plus est dans un lit d’hôpital… premiers essais. Résultats très décevants, mais le virus est pris, sous le regard goguenard de mon ami.
Le lendemain, nous partons pêcher l’Orb. Nous pêchons d’abord aux leurres, l’occasion de tester les derniers leurres Smith sortis…de pures merveilles, armés d' un seul hameçon simple barbless en queue, ils font vraiment le job…. Puis, le soleil monte au zenith, et mon ami décide de monter sur le no-kill d’Avène. Je comprends assez mal sa décision, surtout que les truites sont assez « joueuses » (les pauvres, elles, elles ne jouaient pas, elles essayaient juste de se nourrir pour simplement vivre…). Il me regarde, toujours son sourire moqueurs sur les lèvres et me dit : « Tu comprendras », d’un air un peu énigmatique.
Nous arrivons sur Avène…Les eaux sont encore très froides… Mais quel endroit magique….
Et la je vois un panneau « parcours mouche seulement, graciation obligatoire ». Je suis « un peu » étonné… Je questionne mon ami. Il ne me répond pas...juste cet horripilant sourire sur les lèvres...
La, il sort une canne à mouche, sa Tactical LX 10’’ #4 du coffre de sa voiture et me dit : « maintenant mon pépère, tu vas pêcher à la mouche »…je le regarde, incrédule…Je n’avais pas vu son matériel de moucheur dans le coffre avant qu’il ne le sorte…
Il monte rapidement sa canne, met au bout de son bas de ligne une nymphe « tu vois, c’est celle que tu as essayé de monter hier à l’hosto » me dit-il en riant, puis s’approche de la fosse juste en amont de la passerelle, se positionne sur la bordure et me dit « regarde »...
Et je le regarde pêcher en nymphe au fil, sous la canne. Il refait le geste quelques fois, en me donnant des explications, m’expliquant comment devait se faire la dérive, comment visualiser une touche, puis, toujours avec son sourire goguenard, me tend la canne en me disant « maintenant, c’est à toi ».
Je vous passe mes premières dérives, mon ami me disant « et là tu ferres pas ? », ou « et là, t’as rien vu ? ». Je vous passe les mélimélos de fils sur des ferrage incontrôlés, les rires narquois de mon ami…bref, je vous passe mon inexpérience crasse, et ma maladresse.…
Pour faire court, l’apprentissage est dur…
Encore un ferrage, et la…ça bouge au bout.
Je suis très ému, ma première truite à la mouche en NAF… Mon ami la prend à l’épuisette rapidement…une photo, elle repart à l'eau aussi vite.
Je tremble d’émotions, je suis heureux, un peu hébété, mon ami me regarde avec un sourire, cette fois bienveillant…il le sait, je suis déjà complètement mordu…Il est heureux de m’avoir amené là ou il voulait que j’aille. Je suis heureux aussi…
Je ne reviendrai plus jamais à la pêche aux leurres en eau douce. Dieu que ce virus da la pêche à la mouche est fort, intense, profond...
Oh, elle n’était pas bien grosse, cette truite, mais de cette souche magnifique, un bijou de porcelaine. Et celle-là, je m’en souviendrait toujours, même si mon ami a disparu de ma vie, même si je ne suis jamais retourné pêcher sur l’Orb….
Mes premiers poissons à la mouche ? Le 19 mai 1988, des ombres. Un festival. Ils étaient joueurs et moi aussi.
Je me rappelle de ma toute première truite à la mouche, mais prise d’une façon peu orthodoxe, bien que très à la mode il y a 50 ans environ, à “l’arbalète” , comme ma première truite prise au devon, les deux fois, j’étais avec mon AMI, j’étais tellement heureux que je n’en ai plus pêcher de l’après-midi.
Des choses vous marque, d’autres moins
Et oui, cette rivière, le premier jour, était bien l’Arn….
Je m’y suis presque senti mal à l’aise, à certains endroits…
sur l’Arn aussi on à l’impression d’être dans un autre temps du côté de Anglès dans le Tarn et redescendant vers l’Hérault
il y avait des coins féériques
beau récit casa, la première a toujours une saveur particulière.
je ne me souviens pas de ma première truite a la mouche….je me souviens de mon premier faisan en chasse accompagné a 14 ans, plus tard de ma première bécasse…
je me souviens aussi du premier poisson de mon fils un calicoba au canal…les premières fois sont toujours spéciales!