Confidences d'un pêcheur à la mouche - Raymond ROCHER

L’auteur

Raymond Rocher est né en 1929, et décéda en 2015, à l'âge de 86 ans.

Il vécut son enfance dans la région montagnarde du Velay, puis à Tain-l'Hermitage. Les multiples affluents du Rhône, ainsi que l'Ardèche, regorgeaient de poissons à l'époque. Ces rivières ont rapidement contribué à faire naitre en lui ce qui sera la passion de sa vie : la pêche à la mouche bien sur !

Devenu professeur d'anglais après des études en faculté de lettres, il exercera ensuite son métier dans différentes académies (Reims, Clermont-Ferrand, Grenoble).

Le pêcheur

Raymond Rocher pratiquait indifféremment, et avec autant de justesse la pêche en sèche et en nymphe.

Mais une rencontre capitale marqua sa vie halieutique, celle de Franck Sawyer, le garde-pêche emblématique de la rivière Avon, en Angleterre. Sous sa houlette, Raymond Rocher contribuera fortement à donner ses premières lettres de noblesse à la pêche à la nymphe en France.

En dehors des rivières de sa région natale qu'il connaissait comme sa poche, il pratiqua sa passion en Allemagne, Autriche et Angleterre. La Bretagne fut également une de ses destinations de prédilection.

L’écrivain

Outre une multitude d'articles parus dans la presse halieutique, et le livre que je vous présente aujourd'hui, Raymond ROCHER a écrit 5 autres ouvrages.

Ils sont considérés comme des références dans la littérature halieutique française.

1984 - Randonnées d'un pêcheur solitaire

1987 - La pêche à la mouche moderne en France

1999 – Des ronds dans l’eau

2001 - Pêche à la nymphe

2008 - Confidences d'un moucheur impénitent

Enfin, Raymond Rocher a également traduit le livre de Sidney VINES "Franck Sawyer, au bord de sa rivière", qui raconte la vie de son ami anglais.

Je trouve cet ouvrage "jubilatoire". Vous trouverez ici notre fiche de lecture ➤ https://www.éclosion.com/frank-sawyer-au-bord-de-sa-riviere/

Réflexions sur les mouches artificielles

Il y a plusieurs façons d’imiter valablement un insecte naturel. Les meilleures imitations sont celles qui, par leur construction et leurs matériaux, évoquent les caractères saillants de ces insectes aux yeux d’une truite éduquée. Pour obtenir de telles imitations, nous devons donc d’abord soumettre nos mouches à des essais pratiques. La truite est davantage sensible à la taille, à la forme générale, à l’allure vivante et aux couleurs dominantes, qu’aux détails de forme et qu’aux nuances de couleurs.

En cas de refus, le changement de mouche ne doit intervenir que lorsque tous les défauts de présentation ont été étudiés et éliminés. Le changement de poisson est quelquefois préférable au changement de mouche.

Un avis bien tranché vis à vis des critiques sur la pêche à la nymphe :

Quant aux ignorants qui sont hélas les détracteurs de la nymphe les plus nombreux, ce sont soit des pêcheurs qui n’arrivent pas à prendre du poisson par cette méthode, et qui condamnent sans appel tout ce qui ne fait pas partie de leur petit monde à eux, soit de bons praticiens de la mouche sèche qui, n’ayant jamais fait l’effort de s’intéresser à la pêche à la nymphe, ne la connaissent pas suffisamment pour pouvoir l’apprécier et la juger objectivement.

Et les dernières phrases du livre :

Même si l’on note régulièrement tous les détails et toutes les péripéties d’une journée de pêche à la mouche, lorsqu’on les relit ou lorsqu’on essaye de les faire revivre telles qu’on les a vécues, il semble que les mots les mieux choisis soient plats et vides de sens. La fraîcheur des sentiments et l’intensité émotionnelle, si fugitives, semblent à jamais perdues. Mais peut-être cette impression est-elle purement subjective.

Si vous avez trouvé dans ce livre autre chose que des données techniques, s’il a évoqué en votre souvenir quelques-uns des merveilleux paysages qui vous sont familiers, si vous avez su lire entre les lignes et si vous avez pu en suivre l’impératif message, alors je saurai que j’ai pleinement réussi et votre humble serviteur sera, quoi qu’il arrive le plus heureux des hommes.

Ce livre fait incontestablement partie des « bibles » de la pêche à la mouche. Il est également un des rares ouvrages techniques de grande qualité que l’on peut « dévorer » à la façon d’un roman, en raison de la richesse des écrits, et d’une certaine poésie sous-jacente.

Lorsqu’un pêcheur à la mouche débutant fermera cet ouvrage, je suis persuadé qu’il aura compris l’essence même de la pêche à la mouche, et assimilé l’essentiel de ses finesses techniques.

Quant au pêcheur expérimenté, ce livre lui permettra à coup sûr de revenir sur certains fondamentaux qu’il peut avoir tendance à oublier, mais également matière à réflexion pour bon nombres de perfectionnements.

Enfin, débutant ou expérimenté, il est probable que chaque lecteur éprouvera un sentiment de bonheur: celui d’avoir partagé quelques heures en compagnie de ce pêcheur d’exception et écrivain fascinant.

NOTE : 19/20

Quelques mois avant sa disparition, j'ai eu la chance et le privilège d'échanger des correspondances avec Raymond Rocher. Ses lettres furent « délicieuses », et toujours empreintes de poésie.

Je l'avais en effet contacté pour savoir s'il accepterait de me dédicacer ses livres.

Il a pris le temps de me répondre avec une courtoise et une gentillesse remarquables, malgré ses 85 ans, et une grande "fatigue" que j'ignorais.

En s'excusant, il m'a indiqué qu'il ne pouvait accéder à ma demande. Par contre, il me proposa de m'envoyer 6 petits cartons personnalisés. Je les trouvais quelques jours après dans ma boite à lettres, et les collais ensuite religieusement sur chacun de ses ouvrages.

Voici l'un d'entre eux :