1 / Au fil de l'eau Nouvelles

Ô Nives Ô désespoir !

Cela fait plusieurs années que je n'ose regarder la vérité en face, sans doute par respect pour ces rivières que j'aime tant. Mais je dois aujourd'hui baisser les bras. Les Nives sont halieutiquement moribondes et j'ai envie de le crier haut et fort. Les quatre jours passés au pays basque avec mon fils ont été un calvaire.

Notre bilan ? Un poisson ( remis à l'eau bien sur ) et une demi-douzaine de gobages.

Certes, les conditions n'étaient pas optimales mais de multiples détails m'ont malheureusement permis de dresser un bien triste bilan. Un des plus flagrants provient des innombrables observations faites depuis les ponts où quasiment plus aucun poisson n'est maintenant visible. Il y a encore une dizaine d'années, chaque ouvrage d'art recelait au mois une ou deux dizaines de belles farios.

La fréquentation famélique des pêcheurs est également un signe qui ne trompe pas. Un seul en action a été croisé en quatre jours de pêche au cours desquels nous avons sillonné une bonne trentaine de kilomètres de berges ! Les autres que nous avons rencontrés l'ont été au camping, à tuer le temps.

Certains observateurs vont se retrancher derrière 2 terribles crues.

Il est vrai que celle de 2014 a été terrible ---> Crue Nive 2014

Mais cela serait à mon sens une grave erreur de s'arrêter à de telles conclusions. Le potentiel halieutique des Nives était déjà fortement impacté avant ces phénomènes climatiques.

D'autres  mettront en avant des études qui concluent que le réchauffement climatique, conjugué à certains épisodes sévères d'étiages éradiqueront à terme les populations de salmonidés dans les régions de basse altitude, comme le pays basque français et espagnol.

Ces 2 arguments sont plausibles, mais il y a tellement d'autres facteurs dont on parle trop peu à mon goût. Alors, aujourd'hui, j'ai envie de vider un peu mon sac.

  • Tout d'abord, je voudrais une nouvelle fois m'insurger contre cette dissidence ubuesque qui existe depuis des décennies entre deux associations : l'aappma et l'aprn. Ceci a pour conséquence un découpage des rivières d'une incroyable complexité et bien sur, des systèmes de gestion différents. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet par crainte de trop de virulence. Mais je trouve vraiment navrant que l'aprn ait refusé plusieurs fois la main tendue par l'aappma pour envisager une fusion demandée haut et fort par une grande majorité de pêcheurs. La pêche au pays basque y aurait beaucoup gagné.
  • Un point ensuite sur les quotas dont certains sont juste inouïs et scandaleux compte-tenu de la conjoncture. Figurez-vous en effet que sur la plupart des affluents de la Nive, l'aprn autorise encore les pêcheurs à prélever la bagatelle de 10 poissons par jour !!! Quand on sait que certains secteurs ont encore une population correcte de truites farios, il faut être inconscient pour laisser perdurer cette mesure. Elle est d'une autre époque.
  • Les Nives n'échappent pas au je-m'en-foutisme caractérisé de nos administrations concernant la pollution. Celles constatées récemment sur la Nive d'Arnéguy en sont de tristes et flagrants exemples.
  • Et bien d'autres problèmes, comme des canaux de dérivation qui assèchent quasiment des tronçons de rivières en périodes d'étiage et que personne ne veut voir.

 


Ceci étant dit, que faut-t'il faire ?

Il me semble que la seule solution consisterait à mettre en place un plan de grande ampleur pour sauver ce qui peut encore l'être. Ce plan devrait débuter par la fusion des deux associations, indispensable à l'édiction d'une gestion commune efficace et la fermeture complète de la pêche pendant une durée adéquate, accompagnée d'un ré-empoissonnement efficace effectué à partir de sujets prélevés dans le "chevelu".

Des décisions de ce genre ont été prises dans certaines régions du pays basque espagnol. Nos décideurs auront-ils le courage et la volonté de s'en inspirer ?

Je ne donne pas bien cher des Nives si rien ne bouge très rapidement ....

 


Pour finir toute de même sur une note enjouée, voici quelques photos prises ce week-end. Puissent un jour ces joyaux retrouver une population de salmonidés digne de leur grande beauté et de leurs atouts halieutiques !

LA NIVE DE BEHEROBIE

 


LA NIVE DES ALDUDES

 


LA GRANDE NIVE

16 réponses à “Ô Nives Ô désespoir !

  1. Effectivement j’ai eu le bonheur de pêcher les nives de beherobie, baïgori,etc.. et eu de bonnes surprises et de belles déceptions. J’ai eu l’occasion de voir des saumons harponnés :unsure: des lignes tendues le soir (pour l’anguille) ramassées le matin :negative: , même si à notre époque on peut le déplorer du fait que nous pêchons plus pour le plaisir que pour le manger, cela a toujours existé, j’ai pêché le bastan pendant 5 semaines d’affilées sans voir un garde (aprn) la grande nive et autres sans jamais être contrôlé. ! Malheureusement les domaines publics comme privés ne sont plus contrôlés, par manque de moyens nous disent certains, par manque de courage ? Par exemple la seine en région parisienne le berges deviennent de plus en plus privés par les propriétaires riverains possédant ou non des péniches accostées au bord et rejettant leurs eaux sales dans le fleuve, il y a eu creusement de la rive pour accéder à un petit lac dans lequel des gens ont fait entrer des péniches et vivent dedans en privatisant un bord seine (domaine public) et de fait n ont pas mis de passerelle pour permettre la continuité du passage public….j’ai prévenu bien entendu il y a plusieurs années et encore récemment : aucune réaction, réponse d’aucune sorte ni des fédérations ni de la garderie que j’ai notamment rencontré lors d’un salon mouche en essonne, sur le mail du garde fédéral que celui-ci m’avait communiqué car il mettait en doute ce que je lui rapportait.0 autre exemple les propriétaires de berges ont (théoriquement) d’après la loi l’obligation d’entretenir les rives est-ce le cas, par chez moi, non ! et pourtant c’est la région qui vend le plus de cartes de pêches !!!où passent nos taxes ? depuis des années je rends ma carte ailleurs (corrèze, cantal, lozère ,…0) avec la réciprocité maintenant je peux pêcher presque partout. …..et je pourrai continuer…j’ai eu des responsabilité dans une association et me suis rendu aux réunions et vu ce qu’ il s’y passait j’ai démissionné du fait de l’inertie des “bénévoles” englués dans un système qu’ils pensent maîtriser pour le bien commun. Rassurez-vous je n’ai jamais été contrôlé en région parisienne !!!! et je prends mon permis je dois être maso… n’est-il pas ? :cry:

  2. moi j’habite a la porte de rennes, c’est déjà pas simple pour la palm, il faut faire au mieux 150 bornes pour y aller. je fais et j’ai fait et organiser des sorties lointaines au sein du CMHB, je n’ose même plus aborder le sujet .
    partout le constat est le même
    ,comment faire pour continuer a faire rever les adhérents ,comment recruter des jeunes (ou des vieux) pour leur inculquer notre passion,ou les emmener pecher ,les faires cotiser et engager des frais pour qu’elle résultats,
    moi la bredouille depuis le temps je relativise,et encore pas trop longtemps.
    défait cette année avec les débits réduits au mini, la privatisation des berges par les riverains,le braconnage et autres délicatesses,je n’attends plus qu’une chose ,que les réservoirs réouvrent a l’automne car en riviere cette saison pour moi je ne sais plus ou aller.
    quand je descends sur la Dordogne ,j’ai souvent beaucoup d’eau,en bretagne on en manque,au pays basque les truites disparaissent.
    j’espere avoir la force de continuer a vivre ma passion ,mais pour combien de temps encore?
    un détail aussi,beaucoup des photos de beaux poissons présente dans nos magazines halieutiques sont réalisée a l’étranger preuve que chez nous la ressource s’épuise

  3. hello
    bretagne,deux rivieres anéantie par pollution au lisier,manque d’eau récurent, que faire que dire.
    je n’entends pas grand monde manifesté leur colere.
    la population vie maintenant en ville ou ses abords proche et est de plus en plus détachée des choses de la riviere et de la peche.
    et pourtant on a jamais autant parlé d’écologie
    écologiste fantoche oui.

  4. Merci à tous pour vos commentaires.
    Cet article a été lu par plus de 1000 personnes, preuve de l’attachement que nous portons à ces magnifiques rivières.
    Mais je n’ai malheureusement reçu aucune réponse des associations et de la fédé, à qui cet article a été envoyé.
    Pour Patrick : ce fabuleux parcours situé entre l’hotel Arcé et le pont romain, j’en connais chaque caillou mais rares sont ceux d’entre eux qui abritent encore des truites …

  5. Mes parents habitant Baigorri ,je pêche à la mouche les nives ,et ses gros affluents depuis mes vingt ans et j’ai cessé de tuer des poissons à 30.je viens d’avoir soixante deux ans et bien sur j’ai pris ma retraite au pays basque.Demeurant à uhart cize et ayant encore une bonne condition physique je pêche toujours très assidûment.Dés les années 80 avec mon cousin Serge Decompte nous avons noté une baisse constante du cheptel de salmonidés sur la grande nive puis les années passant sur la majorité de ses affluents notamment sur Baigorri: Les pêcheurs tuant les poissons montaient de plus en plus sur les têtes de bassin pour faire leur”quota” journalier.Nous avons assisté a plusieurs assemblée de l’aprn qui bien sur ne voulait rien entendre de nos arguments et bien souvent la discussion se terminait par la question récurrente d’un des membres du bureau: mais de ou vous êtes vous?Résultat? cette saison encore: 10 poissons de 20 cm par jour et par pêcheur sur toute la tête de bassin qui est la zone de reproduction et de grossissement.C’est désespérant de bêtise!!! L’aappma de la Nive au moins a pu mettre en graciation la nive de st jean pied de port jusque Biddaray pour trois ans et cette saison et peut être la derniére. Si ce secteur et ouvert l’an prochain sans être assorti d’une limitation drastique des prises et une augmentation très sensible de la taille de capture cette mise en no kill n’aura servi à rien ,sauf a restocker du poisson pour les viandards. Malgré tout on peut encore prendre quelques poissons mais il faut être tous les jours à la pêche pour espérer voir quelques gobages, ce qui n’est pas signe de capture ,car les quelques truites qui restent sont très sollicitées donc super méfiantes.j’espère un jour revoir la nive de baigorri comme je l’ai connue à mes 20 ans.Alors je pêchais entre chez Arcè et le pont romain, pas besoin de plus tellement il y avait de poissons.Sur ce constat négatif je garde encore espoir,de jeunes pêcheurs arrivent. Pourvu qu’il ne soit pas trop tard!

  6. Bonjour, hélas je crois que ces sentiments sont partagés par tous les pêcheurs de france en Aveyron c’est la meme chose les canaux de dérivations assêche quasi totalement des portions entieres de rivieres sur la sorgue aveyronnaise a Fondamente la riviere passe derriere la Gendarmerie, je précise que cette derniere a fermer mais cela ne change rien pendant des années le secteur derriere cette gendarmerie a été asseché par le moulin mais bien sur rien ne se passe meme après des coups de tel a la fédération un courrier avec photos a l’appui aucuns retour . Voila la réalité des tailles minimum ridicules un nombre de prises autorisé excessif, une loi sur l’eau sélérate.Il est clair que nous ne sommes pas de le bon pays pour ce qui est de la protections des milieux aquatique.

  7. Salut Pierre
    Je n’ai malheureusement pas pu aller à l’ag de l’aapppma NIVE cette année…sait tu si les pêches électriques corroborent nos observations ?
    Je ne comprend pas non plus ce qu’il se passe….même après la crue on voyaient plus de poisson qu’aujourd’hui?
    Tous les spots deviennent des déserts et cela depuis qq années seulement…pourtant on construit des stations d’épurations et on est plus attentif à la qualité de l’eau,est ce que c’est déjà trop tard?ou nous cache t’on qq chose?
    On devient parano…..
    Ce n’est pas la météo ,avant je voyait gober les truites même en hiver,qu’il fasse 25 degrés ou zéro degrés !!!!

  8. bonjour

    ce que je lis ,ne m’étonne pas ,actuellement en Auvergne depuis 9 ans ,pour mon travail j’ai du déménager plusieurs fois en France et j’ai pu remarquer et voir les mêmes signes partout ,de moins en moins de poissons déjà visible et pris ,moins d’eau qu ‘avant ,un vent froid et récurent même en été d’ou peu de gobage voire pas du tout,une pollution insidieuse récurrente , et pourtant des films sur la mouche avec des poissons énorme magnifié d’éclosion fabuleuse partout ,combien de pauvres pécheurs dégoûté , quelle misère pour moi qui est connu la mouche dans les années 1970 ,ou la c’était le contraire moins de blabla ,mais du poissons .

  9. Bonjour Pierrot, Dans votre article vous ne parlez pas du braconnage ! Pourtant il est une des causes de la disparition des truites. Je ne parle pas du petit braconnage mais du pillage de nos rivières . Pillage pratiqué par certaine population ( qu’il ne faut surtout pas citer ) qui a grands coup de filet vident tous les parcours No Kill . Cela aussi est une réalité qu’il faut combattre !

  10. Vos constats sont alarmants et malheureusement justifiés.

    Nos rivières se meurent.

    Je réside entre la cure et l yonne, cette année encore (malgré les efforts de l aappma de corbigny) Edf a une fois de plus saccagé 3 ans de travail avec le silence organisé de la fédération qui préfère vendre des cartes et percevoir des subventions d’EDF.

    Nos canne a mouche ne connaîtront bientôt plus que l’odeur de leurs étuis.

    Résistons !!!

  11. Ô Gaves ô désespoir.
    4 jours de pêche sur tous les gaves ,mêmes causes mêmes effets , mêmes constats.Béarn et Pays Basque unis par la beauté et capacité d’accueil de leurs rivières mais également dans la mauvaise protection et gestion de celles-ci.

    Amicalement.

  12. Bonjour Pierrot malheureusement,c’est un constat dans beaucoup de régions.Nous avons le recul pour voir les changements.Il faut le faire comprendre à la jeunesse.Rien n’est perdu,faut il que tous le monde bouge.Amicalement Shadow81

  13. hello
    Tout cela est bien triste quand on connait le potentiel de ces rivieres.ont dira ce qu’on voudra a grand coup de film ,pub etc. les rivières françaises sont pour beaucoup a l’agonie et la palm va suivre.je suis breton ,on a longtemps assimilé et a juste titre la Bretagne et la pollution, elle n’est plus la seule concernée, étiages, pollutions, incivilité etc.
    il reste des ilots de rivières favorables a notre pratique mais pour combien de temps encore, la transition énergétique avec ses barrages risque de donner le coup de grâce a nos derniers paradis basques,bretons,et j’en passe.
    vous entendez des candidats aux élections parler d’environnement? PAS UN!!!
    ont entends pas non plus les pêcheurs dans les rues, tant que nous pleurerons nos rivieres entre nous,y aura aucune raison pour que les choses changent.

  14. Désolant…
    Déjà que les panthères de la grande Nive n’étaient pas du genre facile, si en plus les populations sont exsangues!
    Il ne nous restera bientôt plus que la beauté des rivières et des paysages pour promener nos cannes, devenues inutiles au fil du temps.

    En Normandie, c’est catastrophique aussi, à cause du manque d’eau cette année, renforcé par le braconnage et le goût immodéré du normand pour la truite au beurre!

    Amicalement

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