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- Ce sujet contient 15 réponses, 7 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par
Lapoisse, le il y a 4 années et 8 mois.
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31 juillet 2020 à 15 h 45 min #19723
Scambus
Participant- 196
Bonjour
Après de longues balades à vtt dans les hautes vallées de l’Ardèche tel que l’Eyrieux, la Saliouse, l’Eysse, la Dorne, je n’ai rencontré que des rivières en mal d’eau. Mon périple ce passe sans canne à la main car le respect de la nature oblige.J’ai réalisé avec mon épouse en matinales de supers balades mais très physiques car c’est un relief taillé à la hache avec des dénivelés aux records d’exceptions. Donc les après-midi se consacraient au repos bien mérités.
J’ai eu des moments forts dans mes siestes rêveuses et je vous en transmets mes éveils.
Rives du soir
Mon esprit se met à divaguer dans les cabanons de ma mémoire et promenant mon regard suspendu aux brumes naissantes sur la rivière, des plis de tentures arborées dégustent en silence de longues notes chromatiques. La formation d’un concert ravissant me noie avec délicieuse ivresse aux eaux tremblantes d’une immensité dont les accords me sont inconnus, entourant mes yeux des feuillages pour traverser l’allée du ciel.
Les vols de mes regards se posent sur l’eau, joignant un certain charme à une branche pendante semblant jouer du violon. Les écritures de quelques pierres buvant ce monde velouté dressent des ombrelles légères exprimant des passages de rêve et les habillages se marient avec des trouées de noires ondulations pour toucher le calme par la beauté lunaire. Les éclairs de lune commencent à chatouiller la laque sous la frange des arbres et les naissances des flous brûlent les airs pour allumer les premières étoiles.
Je flotte aux creux d’un léger vent qui craquelle la pellicule et je me coule dans sa prose luxuriante en laissant mes pas aller à l’œuvre du temps brodant ses ourlets tout en dégustant ses mots. La voix d’une fontaine se pose sur les lèvres de la rivière, l’eau du soir garde ses lumières qui ne vieillissent pas avant que la nuit pèse de tout son corps. Plus rien ne bouge, ni l’eau, ni la fougère, ni la peur, seule la main tremble au temps qui ne cesse de tresser la couronne du silence qui se laisse boire. Le chant cousu dans la gorge de la rivière, hisse les étoiles à la pointe du ciel et des effets lumineux me portent dans les profondeurs qui doucement délient la lisière fragile de l’eau.
L’espoir de voir naître un sourire aux lèvres d’un remous est naissant à en percevoir l’écho de quelques couleurs. Une forme circulaire, concentrique, au pouvoir hypnotique renvoie au seul art de la nature pour effacer ses contours et appareiller un fond de teinte uniforme ou le bariolé se détache avec grande pénibilité. Les rayons tamisés pleuvent encore en longues gerbes entrelacés en cercles gracieux, un bal tournoyant s’élance sur des volutes comme des pierres précieuses faites de miel, la création poétique et artistique exprime une liberté totale puis une légère cadence se mêle à mes yeux.
Mes pensées voltigent avec une légèreté égale à celle de l’atmosphère, l’éclair, la foudre du bonheur, le paysage au milieu duquel je suis placé est d’une grandeur et d’une noblesse irrésistibles. Tout est beau, tranquille avec honnêteté, le luxe a plaisir à se mirer dans l’ordre, la vie est douce à respirer et le désordre et la turbulence sont exclus. Les reflets s’avancent harmonieusement, comme souriant d’un blanc sourire, l’espace miroir reflète une démarche de mouvements insaisissables pour rendre visible la vie en pénétrant dans l’espace poétique de la nature.
Ma plume libre hurle sur les ondes traversant la stupeur d’une agate embrouillardée, dans le repli de ce calme presque plat les formes fascinantes sont destinées à l’œil. Je suis dans la nostalgie du flou, la soie chatoyante s’enveloppe comme sur une nuée d’étoffe, le filet d’eau aplati par une houle mûrissante sème encore le chant du grillon et les reflets d’une glace admirent les parures.
Une robe de soie collante sur des traînées irrégulières investit la scène, les derniers rayons du soleil semblent s’attarder à plaisir, sous un ciel déjà verdâtre où des nuages d’or flottent comme des continents en voyage, des bras nus prennent un bain dans le filet d’eau de l’autre rive et touchent une sensibilité arborée pour aider à couvrir la nuit quand elle sera noire.
De cette immensité dont les bords ne se laissent qu’à peine apercevoir, où l’herbe se mouille comme une presque rivière, suspendu au fond d’une nuit qui avance, je suis bousculé par les nuées qui courent. Je suis sur la rivière d’où l’on peut contempler ses richesses en son ampleur. La patience va nulle part mais poursuit quelque chose, une volupté, un extrême de vie, un point suprême. Elle s’avance vivement sur les merveilles de sa peau et moule exactement sa taille longue où règne le silence dans le cœur de l’eau. Mon attention se blottit sous toutes ses formes pour perdre une flèche décrochée par son propre arc. Le geste de création et l’œuvre qui fait rêver d’une superbe fleur éclose dans un terrain volcanique. La forme, la grandeur, les couleurs, les situations de repos et de mouvements suspendent des balancements en mesure, un arrachement au réel soulève un mouvement d’exception, les flancs des coteaux soufflent les dernières bougies sur de très beaux bijoux de nacre et l’écho du souvenir résonne encore.
La truite comme une danseuse suspendue au ciel essaie en écrivant de redescendre sur l’eau, les sons sonnent et plongent dans un brasier d’absence, le délice de noyer mon regard dans la draperie du jour passé est sublime, puis avec délicatesse ma plume soyeuse retrouve la compagnie de son maître.
Sentir l’extase d’un joli mystère et faire corps avec les artistes naturels, offrent un goût de cocon sublime.
Merci remarquable Nature de m’avoir appris à te lire pour essayer de te comprendre.
ChristianDepuis 15 jours je n’ai pas caressé une canne et ce matin, toujours en Ardèche mais le décors à changer car nous avons renversé le Gerbier des Joncs pour retrouver une vallée que j’adore » l’Espezonnette « .
Elle est là en ses 1150 m d’altitude toujours aussi belle, elle gazouille en son eau translucide et assez abondante devant mon écran et ce soir je vous assure qu’elle aura de la compagnie.A bientôt pour vous bercer d’autres mots.
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1 août 2020 à 7 h 49 min #19759
Denis 06
Participant- 1,433
Belle prose….
La pêche,rien que la pêche pour le plaisir...!
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1 août 2020 à 10 h 08 min #19763
pierrotlepecheur
administrateur- 6,617
Merci pour ce partage d’émotions
Fais une bise de ma part à l’espezonnette
Tu m’as fait connaitre cette magnifique petite rivière en 2017, et j’en garde un fabuleux souvenir.
Ici, à sa confluence avec l’Allier
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Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 9 mois par
pierrotlepecheur.
A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière. La rivière a creusé son lit au moment du grand déluge, elle recouvre les rochers d'un élan surgi de l'origine des temps. Sur certains des rochers, il y a la trace laissée par les gouttes d'une pluie immémoriale. Sous les rochers, il y a les paroles, parfois les paroles sont l'émanation des rochers eux-mêmes.
Je suis hanté par les eaux (Norman Maclean) -
1 août 2020 à 14 h 25 min #19778
Scambus
ParticipantParticipant- 196
Regardes Pierrot c’était hier soir suite à 2 prises de 20 et 22 cm puis une belle qui après avoir voltigé 2 fois c’est détachée. Les lumières chantaient encore.
Le nez de ma cabane de pêcheur est à 5 m au dessus de l’eau
Vue sur le village de Lanarce depuis ma cabane
La magnifique Espezonnette chatouillant la lune
Bizzzzzzzzzzzzzz
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4 août 2020 à 19 h 32 min #19942
gillou
Participant- 148
Je suis fan de la prose de Scam ..
Pierrot , tu peux lui laisser un espace sur ton site ?
Poësie ou autre .
Et aussi l’ami Struggle , qui nous régalait de ses histoires superbes histoires de pêche ou autres .
" Ceux de l'obstacle de l'air regardent étrangers , ceux de l'obstacle de l'eau .
Que d'amitiés se perdent parce que l'on a pas de branchies .
H;Michaux -
5 août 2020 à 7 h 26 min #19971
Lapoisse
Participant- 1,892
bonne idée, j’aime bien les histoires de Struggle, mais j’ai pas eu le temps de toute les lire chez les secs
“ Il faut vraiment, pour vivre, n'avoir rien d'autre à faire. ”
René Fallet -
5 août 2020 à 9 h 31 min #19976
pierrotlepecheur
administrateur- 6,617
Aucun souci, mais ce site est déjà ouvert à tous par l’intermédiaire des différents boutons de contribution qui permettent de rédiger un article.
Il existe un petit tutoriel qui explique la marche à suivre —> ICI
Quant à Struggle, moi aussi j’aime beaucoup sa prose, mais son stylo est sec
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Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 8 mois par
pierrotlepecheur.
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Cette réponse a été modifiée le il y a 4 années et 8 mois par
pierrotlepecheur.
A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière. La rivière a creusé son lit au moment du grand déluge, elle recouvre les rochers d'un élan surgi de l'origine des temps. Sur certains des rochers, il y a la trace laissée par les gouttes d'une pluie immémoriale. Sous les rochers, il y a les paroles, parfois les paroles sont l'émanation des rochers eux-mêmes.
Je suis hanté par les eaux (Norman Maclean) -
5 août 2020 à 12 h 38 min #19989
Coujou
Modérateur- 3,085
Aucun souci, mais ce site est déjà ouvert à tous par l’intermédiaire des différents boutons de contribution qui permettent de rédiger un article. Il existe un petit tutoriel qui explique la marche à suivre —> ICI Quant à Struggle, moi aussi j’aime beaucoup sa prose, mais son stylo est sec
Son stylo est sec, mais pas le reste MDR
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5 août 2020 à 12 h 40 min #19990
coulobre19
Participant- 704
Bonjour Scambus
Eh bien moi je gare la porte de ma cabane de pêcheur face à la rivière afin de profiter de la vue, le matin, au petit déj.
coulobre19
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5 août 2020 à 17 h 12 min #19999
Scambus
ParticipantParticipant- 196
Oh les gars, ne vous mettez pas la tête comme une pastèque, ce n’est que partage avec la nature.
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27 août 2020 à 11 h 56 min #20904
gillou
Participant- 148
" Ceux de l'obstacle de l'air regardent étrangers , ceux de l'obstacle de l'eau .
Que d'amitiés se perdent parce que l'on a pas de branchies .
H;Michaux -
27 août 2020 à 11 h 57 min #20905
gillou
Participant- 148
Clin d’oeil à Scambus .
" Ceux de l'obstacle de l'air regardent étrangers , ceux de l'obstacle de l'eau .
Que d'amitiés se perdent parce que l'on a pas de branchies .
H;Michaux -
28 août 2020 à 10 h 32 min #20938
pierrotlepecheur
administrateur- 6,617
Dommage qu’on ne voit pas très bien sur cette photo.
Tu pourrais la mettre avec d’avantage de pixels, steup ?
A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière. La rivière a creusé son lit au moment du grand déluge, elle recouvre les rochers d'un élan surgi de l'origine des temps. Sur certains des rochers, il y a la trace laissée par les gouttes d'une pluie immémoriale. Sous les rochers, il y a les paroles, parfois les paroles sont l'émanation des rochers eux-mêmes.
Je suis hanté par les eaux (Norman Maclean) -
28 août 2020 à 11 h 31 min #20940
gillou
Participant- 148
Heu ! je vais essayer …
merci Pierrot .
" Ceux de l'obstacle de l'air regardent étrangers , ceux de l'obstacle de l'eau .
Que d'amitiés se perdent parce que l'on a pas de branchies .
H;Michaux-
29 août 2020 à 15 h 21 min #20999
pierrotlepecheur
administrateur- 6,617
Voila, j’ai réussi à faire un bricolage
J’adore ce dessin
qui permets à l’imagination de vagabonder …
Déjà, je n’avais pas remarqué le pêcheur dans l’oeil …
A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière. La rivière a creusé son lit au moment du grand déluge, elle recouvre les rochers d'un élan surgi de l'origine des temps. Sur certains des rochers, il y a la trace laissée par les gouttes d'une pluie immémoriale. Sous les rochers, il y a les paroles, parfois les paroles sont l'émanation des rochers eux-mêmes.
Je suis hanté par les eaux (Norman Maclean)
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31 août 2020 à 7 h 49 min #21072
Lapoisse
Participant- 1,892
oui , très belle aquarelle
“ Il faut vraiment, pour vivre, n'avoir rien d'autre à faire. ”
René Fallet
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