Rives du soir

  • Ce sujet contient 15 réponses, 7 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Lapoisse, le il y a 3 années et 7 mois.
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    • #19723
      Scambus
      Participant
      • 194

      Bonjour
      Après de longues balades à vtt dans les hautes vallées de l’Ardèche tel que l’Eyrieux, la Saliouse, l’Eysse, la Dorne, je n’ai rencontré que des rivières en mal d’eau. Mon périple ce passe sans canne à la main car le respect de la nature oblige.

      J’ai réalisé avec mon épouse en matinales de supers balades mais très physiques car c’est un relief taillé à la hache avec des dénivelés aux records d’exceptions. Donc les après-midi se consacraient au repos bien mérités.

      J’ai eu des moments forts dans mes siestes rêveuses et je vous en transmets mes éveils.

      Rives du soir

      Mon esprit se met à divaguer dans les cabanons de ma mémoire et promenant mon regard suspendu aux brumes naissantes sur la rivière, des plis de tentures arborées dégustent en silence de longues notes chromatiques. La formation d’un concert ravissant me noie avec délicieuse ivresse aux eaux tremblantes d’une immensité dont les accords me sont inconnus, entourant mes yeux des feuillages pour traverser l’allée du ciel.

      Les vols de mes regards se posent sur l’eau, joignant un certain charme à une branche pendante semblant jouer du violon. Les écritures de quelques pierres buvant ce monde velouté dressent des ombrelles légères exprimant des passages de rêve et les habillages se marient avec des trouées de noires ondulations pour toucher le calme par la beauté lunaire. Les éclairs de lune commencent à chatouiller la laque sous la frange des arbres et les naissances des flous brûlent les airs pour allumer les premières étoiles.

      Je flotte aux creux d’un léger vent qui craquelle la pellicule et je me coule dans sa prose luxuriante en laissant mes pas aller à l’œuvre du temps brodant ses ourlets tout en dégustant ses mots. La voix d’une fontaine se pose sur les lèvres de la rivière, l’eau du soir garde ses lumières qui ne vieillissent pas avant que la nuit pèse de tout son corps. Plus rien ne bouge, ni l’eau, ni la fougère, ni la peur, seule la main tremble au temps qui ne cesse de tresser la couronne du silence qui se laisse boire. Le chant cousu dans la gorge de la rivière, hisse les étoiles à la pointe du ciel et des effets lumineux me portent dans les profondeurs qui doucement délient la lisière fragile de l’eau.

      L’espoir de voir naître un sourire aux lèvres d’un remous est naissant à en percevoir l’écho de quelques couleurs. Une forme circulaire, concentrique, au pouvoir hypnotique renvoie au seul art de la nature pour effacer ses contours et appareiller un fond de teinte uniforme ou le bariolé se détache avec grande pénibilité. Les rayons tamisés pleuvent encore en longues gerbes entrelacés en cercles gracieux, un bal tournoyant s’élance sur des volutes comme des pierres précieuses faites de miel, la création poétique et artistique exprime une liberté totale puis une légère cadence se mêle à mes yeux.

      Mes pensées voltigent avec une légèreté égale à celle de l’atmosphère, l’éclair, la foudre du bonheur, le paysage au milieu duquel je suis placé est d’une grandeur et d’une noblesse irrésistibles. Tout est beau, tranquille avec honnêteté, le luxe a plaisir à se mirer dans l’ordre, la vie est douce à respirer et le désordre et la turbulence sont exclus. Les reflets s’avancent harmonieusement, comme souriant d’un blanc sourire, l’espace miroir reflète une démarche de mouvements insaisissables pour rendre visible la vie en pénétrant dans l’espace poétique de la nature.

      Ma plume libre hurle sur les ondes traversant la stupeur d’une agate embrouillardée, dans le repli de ce calme presque plat les formes fascinantes sont destinées à l’œil. Je suis dans la nostalgie du flou, la soie chatoyante s’enveloppe comme sur une nuée d’étoffe, le filet d’eau aplati par une houle mûrissante sème encore le chant du grillon et les reflets d’une glace admirent les parures.

      Une robe de soie collante sur des traînées irrégulières investit la scène, les derniers rayons du soleil semblent s’attarder à plaisir, sous un ciel déjà verdâtre où des nuages d’or flottent comme des continents en voyage, des bras nus prennent un bain dans le filet d’eau de l’autre rive et touchent une sensibilité arborée pour aider à couvrir la nuit quand elle sera noire.

      De cette immensité dont les bords ne se laissent qu’à peine apercevoir, où l’herbe se mouille comme une presque rivière, suspendu au fond d’une nuit qui avance, je suis bousculé par les nuées qui courent. Je suis sur la rivière d’où l’on peut contempler ses richesses en son ampleur. La patience va nulle part mais poursuit quelque chose, une volupté, un extrême de vie, un point suprême. Elle s’avance vivement sur les merveilles de sa peau et moule exactement sa taille longue où règne le silence dans le cœur de l’eau. Mon attention se blottit sous toutes ses formes pour perdre une flèche décrochée par son propre arc. Le geste de création et l’œuvre qui fait rêver d’une superbe fleur éclose dans un terrain volcanique. La forme, la grandeur, les couleurs, les situations de repos et de mouvements suspendent des balancements en mesure, un arrachement au réel soulève un mouvement d’exception, les flancs des coteaux soufflent les dernières bougies sur de très beaux bijoux de nacre et l’écho du souvenir résonne encore.

      La truite comme une danseuse suspendue au ciel essaie en écrivant de redescendre sur l’eau, les sons sonnent et plongent dans un brasier d’absence, le délice de noyer mon regard dans la draperie du jour passé est sublime, puis avec délicatesse ma plume soyeuse retrouve la compagnie de son maître.

      Sentir l’extase d’un joli mystère et faire corps avec les artistes naturels, offrent un goût de cocon sublime.

      Merci remarquable Nature de m’avoir appris à te lire pour essayer de te comprendre.
      Christian

      Depuis 15 jours je n’ai pas caressé une canne et ce matin, toujours en Ardèche mais le décors à changer car nous avons renversé le Gerbier des Joncs pour retrouver une vallée que j’adore ” l’Espezonnette “.
      Elle est là en ses 1150 m d’altitude toujours aussi belle, elle gazouille en son eau translucide et assez abondante devant mon écran et ce soir je vous assure qu’elle aura de la compagnie.

      A bientôt pour vous bercer d’autres mots.

    • #19759
      Denis 06
      Participant
      • 1,179

      Belle prose…. ;-) :good:

      La pêche,rien que la pêche pour le plaisir...!

    • #19763
      pierrotlepecheur
      administrateur
      • 6,028

      Merci pour ce partage d’émotions :good:

      Fais une bise de ma part à l’espezonnette :heart:

      Tu m’as fait connaitre cette magnifique petite rivière en 2017, et j’en garde un fabuleux souvenir.

      Ici, à sa confluence avec l’Allier

      DSC_0153

      • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 8 mois par pierrotlepecheur.

      A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière. La rivière a creusé son lit au moment du grand déluge, elle recouvre les rochers d'un élan surgi de l'origine des temps. Sur certains des rochers, il y a la trace laissée par les gouttes d'une pluie immémoriale. Sous les rochers, il y a les paroles, parfois les paroles sont l'émanation des rochers eux-mêmes.
      Je suis hanté par les eaux (Norman Maclean)

    • #19778
      Scambus
      Participant
      Participant
      • 194

      Regardes Pierrot c’était hier soir suite à 2 prises de 20 et 22 cm puis une belle qui après avoir voltigé 2 fois c’est détachée. Les lumières chantaient encore.

      Le nez de ma cabane de pêcheur est à 5 m au dessus de l’eau

      P1090993_Espezonnette_au_nez_du campingcar_Red

      Vue sur le village de Lanarce depuis ma cabane

      P1090992_village_LANARCE_07_Red

      La magnifique Espezonnette chatouillant la lune

      P1090994_Espezonnette_coupdusoir_Red

      Bizzzzzzzzzzzzzz

    • #19942
      gillou
      Participant
      • 148

      Je suis fan de la prose de Scam .. :good: Pierrot , tu peux lui laisser un espace sur ton site ?

      Poësie ou autre .

      Et aussi l’ami Struggle , qui nous régalait de ses histoires superbes histoires de pêche ou autres .

      " Ceux de l'obstacle de l'air regardent étrangers , ceux de l'obstacle de l'eau .
      Que d'amitiés se perdent parce que l'on a pas de branchies .
      H;Michaux

    • #19971
      Lapoisse
      Participant
      • 1,778

      bonne idée, j’aime bien les histoires de Struggle, mais j’ai pas eu le temps de toute les lire chez les secs :unsure:

      “Faire les choses avec sérieux, mais ne pas se prendre au sérieux.”

    • #19976
      pierrotlepecheur
      administrateur
      • 6,028

      Aucun souci, mais ce site est déjà ouvert à tous par l’intermédiaire des différents boutons de contribution qui permettent de rédiger un article.

      Il existe un petit tutoriel qui explique la marche à suivre —> ICI

      Quant à Struggle, moi aussi j’aime beaucoup sa prose, mais son stylo est sec   :whistle:   79aeab96d456bd8ab0ffacfae06b8da089960dc6 - copie

      • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 8 mois par pierrotlepecheur.
      • Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 8 mois par pierrotlepecheur.

      A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière. La rivière a creusé son lit au moment du grand déluge, elle recouvre les rochers d'un élan surgi de l'origine des temps. Sur certains des rochers, il y a la trace laissée par les gouttes d'une pluie immémoriale. Sous les rochers, il y a les paroles, parfois les paroles sont l'émanation des rochers eux-mêmes.
      Je suis hanté par les eaux (Norman Maclean)

    • #19989
      Coujou
      Modérateur
      • 2,920

      Aucun souci, mais ce site est déjà ouvert à tous par l’intermédiaire des différents boutons de contribution qui permettent de rédiger un article. Il existe un petit tutoriel qui explique la marche à suivre —> ICI Quant à Struggle, moi aussi j’aime beaucoup sa prose, mais son stylo est sec :whistle: 79aeab96d456bd8ab0ffacfae06b8da089960dc6 - copie

       

      Son stylo est sec, mais pas le reste MDR B-) :yahoo:

    • #19990
      coulobre19
      Participant
      • 704

      Bonjour Scambus

      Eh bien moi je gare la porte de ma cabane de pêcheur face à la rivière afin de profiter de la vue, le matin, au petit déj.2020_08_02_19_corrère à corrèze_étiage (7)

      coulobre19

    • #19999
      Scambus
      Participant
      Participant
      • 194

      Oh les gars, ne vous mettez pas la tête comme une pastèque, ce n’est que partage avec la nature.

    • #20904
      gillou
      Participant
      • 148

      t41p

      " Ceux de l'obstacle de l'air regardent étrangers , ceux de l'obstacle de l'eau .
      Que d'amitiés se perdent parce que l'on a pas de branchies .
      H;Michaux

    • #20905
      gillou
      Participant
      • 148

      Clin d’oeil à Scambus .

      " Ceux de l'obstacle de l'air regardent étrangers , ceux de l'obstacle de l'eau .
      Que d'amitiés se perdent parce que l'on a pas de branchies .
      H;Michaux

    • #20938
      pierrotlepecheur
      administrateur
      • 6,028

      t41p

      Dommage qu’on ne voit pas très bien sur cette photo.

      Tu pourrais la mettre avec d’avantage de pixels, steup ? ;-)

      A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière. La rivière a creusé son lit au moment du grand déluge, elle recouvre les rochers d'un élan surgi de l'origine des temps. Sur certains des rochers, il y a la trace laissée par les gouttes d'une pluie immémoriale. Sous les rochers, il y a les paroles, parfois les paroles sont l'émanation des rochers eux-mêmes.
      Je suis hanté par les eaux (Norman Maclean)

    • #20940
      gillou
      Participant
      • 148

      Heu ! je vais essayer …

      merci Pierrot .

      " Ceux de l'obstacle de l'air regardent étrangers , ceux de l'obstacle de l'eau .
      Que d'amitiés se perdent parce que l'on a pas de branchies .
      H;Michaux

      • #20999
        pierrotlepecheur
        administrateur
        • 6,028

        Voila, j’ai réussi à faire un bricolage ;-)

        J’adore ce dessin :good:  qui permets à l’imagination de vagabonder …

        Déjà, je n’avais pas remarqué le pêcheur dans l’oeil …

        Capture d’écran 2020-08-29 à 10.20.22

        A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière. La rivière a creusé son lit au moment du grand déluge, elle recouvre les rochers d'un élan surgi de l'origine des temps. Sur certains des rochers, il y a la trace laissée par les gouttes d'une pluie immémoriale. Sous les rochers, il y a les paroles, parfois les paroles sont l'émanation des rochers eux-mêmes.
        Je suis hanté par les eaux (Norman Maclean)

    • #21072
      Lapoisse
      Participant
      • 1,778

      oui , très belle aquarelle

      “Faire les choses avec sérieux, mais ne pas se prendre au sérieux.”

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