Ephémères battements d’ailes

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  • Ce sujet contient 3 réponses, 4 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par pierrotlepecheur, le il y a 3 années et 6 mois.
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    Messages
    • #22902
      Scambus
      Participant
      • 194

      Bonjour

      Cette année 2020 j’ai eu le plaisir de voir une éclosion dont je n’avais pas revu depuis 10 ans au moins et j’ai voulu partager cet instant magique simplement en observant les éphémères.

      EPHEMERES BATTEMENTS D’AILES

      L’exhibition de teintes dans des rubans soyeux dessine des courbes aux reflets d’arc en ciel.

      D’un voile frêle et joli, l’éphémère coquet se pare d’une blonde lumière traversée d’une blancheur de tulle vaporeux ou s’enroule un feston irréel. L’image se dessine aux envols magiques, l’ensorcèlement berce de délicates voltiges.

      Sur le coussin d’eau se penche une guirlande de feuillages d’ailes suspendues n’osant faire bouquet et comme une fée captivante apparaît des tons très doux, des soies de velours dans de subtiles touches qui effleurent les dix-sept heures de l’après-midi pour que lumière il devienne.

      A l’orée des bordures les ailes tissent le silence et transforment les transparences lumineuses dans des éclats de dentelles. Le songe s’allonge aux confins d’un coffre de chêne déchirant aux buissons des robes de buées et les gestes lents de la tendresse froissent en frissonnant et lissant des toiles d’écritures blanches.

      Sur le chemin de la transformation le symbole de la fragilité frétille en nuages, la grâce et la légèreté conduisent à l’observation et à l’admiration puis laissent songer au renouvellement incessant des jours suivants. Dans ce labyrinthe l’eau de crayeuses magiciennes, se plisse à tire-d’aile volant de reflets en reflets, les éphémères aux yeux en cerises confites entourées de réglisse éclosent en éclats. Un rituel magique et sacré s’exprime avec sensualité sous des nuisettes de satin pour deviner les ombres d’un désir recherchant l’absolue osmose des corps.

      Dans cette pagaille semée de bijoux ambrés, le miroir trempe les robes lumières en dehors du temps et les décolletés cœur gardent leurs rayons même en perdant leurs flammes. En posant fièrement ses ailes, l’imago a peur de briser la pellicule de l’eau et dans ce ciel indompté, la diversité des couleurs se couvre d’or pour une renaissance à l’allure fragile.

      Les pattes crispées étreignent l’espace avec tout ce qui est racine dans une palpitation de jouissances pour s’extasier et exprimer le caractère de la beauté présente d’un corps laissant deviner une association aux couleurs chatoyantes. Un ballet de folies frôle furtivement les vibrantes clartés, les vols pendulaires ponctués de contorsions dans tous les sens brouillent le jaunâtre avec des pigmentations brunes.

      La destinée de l’être donne l’illusion de sculpter et de rentrer dans la profondeur poétique d’un beau  voilier. Les voilures antérieures triangulaires transparentes aux tâches brunâtres dévorent la légère brise sous l’œil de la végétation riveraine lui ayant portée la dernière mue. Les postérieures ont réalisé plusieurs prise de ris en ovalisant leurs formes et la barre filamenteuse c’est tranchée en trois pour palper d’une maitrise parfaite dans les moments les plus fous.

      Dans cette nature aux détournements artistiques le merveilleux transpire, les pulsions bercent des vols créateurs de formes et de merveilles, le pas du jour se transforme en scène par une espèce d’appétit de voir les ondulations au sommet de l’onde.

      Ce bouquet exposé au vent de la destinée s’envole ivre aux chatoiements d’azur pour scintiller dans l’air en essayant d’apprivoiser les colonnes d’un palais d’air et de lumières.

      Au creux d’un rond ou parle l’heure claire dans la grandeur tout en surprise, laisse cueillir un souffle chuchoteur en cette eau fauve et sauvage pour suivre les traces d’un délice voyageur et léger dormant dans l’art du miroir de la rivière.

      L’air se remplit rapidement de mouche de mai, les ailes battent pour prendre de l’altitude, puis se laissant retomber en accomplissant le vol nuptial, les soyeuses de tulle effleurant l’eau aiment à flotter aux tourbillons sombres et rapides offrant des flétrissures gourmandes.

      L’ombre m’enveloppe et m’isole pour entrer dans la poésie de ma boite, avec les doigts en glissière et dans la plus grande discrétion, je bague mon imitation sur le fil d’Ariane amoureux pour une descente délicate accompagnée d’une dérive lente.

      Une plume pour le bonheur, c’est magnifique, mais un éphéméroptère qui fait plume, c’est sublime.

      Christian

    • #22981
      gillou
      Participant
      • 148

      J’en connais 1 , qui a une très jolie plume . Très beau texte ,plus léger qu’une plume d’outarde .

      " Ceux de l'obstacle de l'air regardent étrangers , ceux de l'obstacle de l'eau .
      Que d'amitiés se perdent parce que l'on a pas de branchies .
      H;Michaux

    • #22991
      Coujou
      Modérateur
      • 2,916

      Beau texte Christian :good:

    • #23030
      pierrotlepecheur
      administrateur
      • 6,018

      Joli texte, Christian, comme d’hab :good:

      A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière. La rivière a creusé son lit au moment du grand déluge, elle recouvre les rochers d'un élan surgi de l'origine des temps. Sur certains des rochers, il y a la trace laissée par les gouttes d'une pluie immémoriale. Sous les rochers, il y a les paroles, parfois les paroles sont l'émanation des rochers eux-mêmes.
      Je suis hanté par les eaux (Norman Maclean)

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