Une éclosion

Avec les débits d’eau que c’est bon de revivre des instants magiques.

Une éclosion

La rivière diapre ses phrases de mots et s’enroule poétiquement en méli-mélo pour peupler le merveilleux dans la divinité de l’eau qui boit les flottés érigées en sculptures.

La ripisylve ourle de lumières nuancées un printemps bavardant encore et la nature vie à l’ombre de ses couleurs habitées d’un temps couvert et humide. Cet univers séduit par ses cajoleries qui enjôlent l’espace miroir aux reflets trempés.

Mon âge avancé c’est transformé en soleil d’enfance habitant pour l’instant les eaux de la Dunières. Je voyage avec les fables de chaque souffle révélateur, avec la férocité d’un paysage assoupi, avec chaque baiser d’herbes ou naît l’espérance, avec des nuages mâchouillant des gouttes d’eau. Des irisations merveilleuses s’étalent et font courir des moires chatoyantes se mettant à trembler aux coups de vent embrassant la pellicule. Un encrier sur ma tête verse avec parcimonie son encre pour faire goutter les ombrages de verdures tout en gondolant quelques fougères éprises de fous rires voyant ce lever de rideau.

Après une longue attente, les éphémères s’échappent de leur cage aux barreaux de frises brillantes en composant une danse classique de liberté dans de tendres vertiges. L’olive à ailes bleus émerge en tutu olive jaune avec sa pointe d’orage pour évoluer une jupette de brun ambré jusqu’au vert olive sur la pointe de l’abdomen. Serratella Ignita étend sa culture artistique et son univers de création pour réaliser des actions idéales dans une expressivité de liberté aux illuminations féeriques. Dans cet état de danse les imagos puisent et associent élan, vitesse, direction, pour élaborer une chorégraphie en ouvrant tout l’espace d’expressions. Les variations  permettent une mise en scène de l’imaginaire introduisant la danse basé sur le hasard, sur l’aléatoire, sur le chaos, en commençant par des pas simples. Les mouvements évoluent, les tournures deviennent souples, la perfection n’est jamais atteinte, l’en-dehors construit son esthétique et la grâce ouvre le vol libre d’une vie qui raconte l’histoire d’un ballet ou le poids du corps, le mouvement, la posture est très fragile. La Chorégraphie utilise l’espace immense, les rythmes expriment des émotions, les danseurs aux positions multiples enflamment les airs et dévorent la luisance des reflets d’une pelouse liquide semée de trames associant des teintes encore fraiches printanières.

Le vert amande de l’eau joue avec quelques touches de bois clairs et gris, des bleus paon associent la sourde couleur du vert sauge, des bleus verts canard se mélangent dans quelques profondes colorations et le temps d’un éclair un foudre rayonne et bronze quelques roches perdues dans un calme qui s’étiole rapidement.

Des formes fantômes fleurissent d’un coup, les broderies de la surface en écrivant les seize heures au cadran solaire en perdent les aiguilles. Les fleurs sur cet habitat délicat s’étendent sans limite, accompagnées par un défilé de claps se distinguant et éveillant ce monde du silence. L’onde en fête déchire son miroir à en faire pétiller mes yeux et anime un concert de spirales tournées, je suis dans l’art qui fait aimer la nature, cet art qui guide mes doigts au liège respirant une curiosité inhabituelle.

Mon étoile filante jaillit à en battre mon sang, la rivière bruissant de gobages m’offre une valse dont la musicalité rythme une myriade d’ailes en fête, la piste virevolte d’éclaboussures dans la brillance de cette corolle effeuillant ses pétales. Le corps de l’eau s’anime de tout son long comme un délice, la beauté des sauvages flirte avec ce jardin bourgeonnant de bulles jaillissantes. Mon regard croise des perles près de mes lèvres, mes murmures délivrent de messages précieux, ma joie cueille les fruits de l’espérance et de la patience.  Les beautés se prennent au jeu, entre les pirouettes et les étoiles, je suis submerger dans ce chef d’œuvre, je touche, je bise, je cajole, je souris, je chante, je suis aux anges.

Ma compagne d’étau BWO souffre de l’épine dorsale à en pleurer de douleur après une quinzaine de morsures en deux heures. Mes mains trembles sur ce galop de gobages comme pour offrir des fleurs aux vagues amoureuses. Les sautillements en recherche d’équilibre et aisance parfaite bercent les vaguelettes, les éclaboussures éclairent cette scène exceptionnelle ou les éphémères évoluent comme des petits rats.

Je dévore l’ampleur de mes gestuelles, je porte attention particulière à la douceur des posés pour reconquérir ma partenaire et sans comprendre l’ambiance, ce théâtre devient glace, ma gaieté s’étiole rapidement sur la calèche du temps, ma joie givre sur la peau de mon visage et je me perds dans les méandres pour attendre d’autres jours à réentendre battre les cœurs.

Christian pour les Amis Scambus